RUBRIQUE Intemporels
Les articles
Un livre
Planète sans visa
de
Jean Malaquais
Malaquais, bien nulle part
Fresque sociale et historique, Planète sans visa (1947) évoque la cité phocéenne durant les premières années de l’Occupation.
Il existe au moins deux manières différentes de lire ce livre. La première est la plus simple : elle consiste à se jeter dans ce roman sans intrigue et sans protagoniste, qui juxtapose (comme l’a fait l’Espagnol Camilo-José Cela dans La Ruche avec le Madrid de 1942) des séquences narratives de longueur variable, n’ayant souvent rien à voir les unes avec les autres, et qui concernent à chaque fois un nombre limité de personnages (sur la grosse cinquantaine que contient l’ensemble). La seconde a le mérite d’être moins superficielle, et partant plus proche de la réalité historique : le...
Un auteur
Autopsie d’un régime
Lors d’un séjour en U.R.S.S., Pierre Herbart prend le pouls de la société russe. Sans complaisance, mais avec un optimisme étonnant.
Dans des lignes qui ont valeur d’avertissement, Pierre Herbart (1904-1974) explique qu’il a longtemps hésité à publier les pages de journal réunies dans En U.R.S.S., craignant d’abord de blesser certains de ses amis, mais redoutant surtout qu’historiquement il ne fût trop tôt pour prendre ouvertement position. Une prudence qui contraste avec l’empressement de Gide à faire paraître son pavé...
Un auteur
À vau-l’eau
Ce roman de l’inclassable Hans Henny Jahnn plonge le lecteur dans une étrange expédition, jusqu’au naufrage de la raison.
Premier volet de l’immense trilogie Fleuve sans rives (gonflée par cette masse romanesque que sont les deux Cahiers de Gustav Anias Horn), Le Navire de bois a été conçu comme un tout autonome. C’est donc dans un roman indépendant que le lecteur s’embarquera sur ce radeau de la méduse, dissimulé sous les allures plus flatteuses d’un grand trois-mâts.
Dès le départ, Hans Henny Jahnn...
Un auteur
Femmes fatales
Le romancier anglais John Cowper Powys confie l’homme à ses pulsions et à la dictature des femmes. Pour l’éprouver dans sa folie.
À l’exception d’une escapade à Londres, l’essentiel de ce roman se déroule autour du manoir d’Ashover, quelque part dans la plaine de Salisbury, et plus exactement dans le Dorset (la patrie de Thomas Hardy). Dès les premières pages, puissamment nocturnes, c’est sombre, limite lugubre : un manoir, la lune, des pâturages inondés, une rivière menaçante (la Frome), le bruit d’une canne sur la...
Un auteur
Le miroir de l’homme
Prix Goncourt 1953, Les Bêtes de Pierre Gascar est un recueil dérangeant : l’animal s’y montre l’égal de l’homme. Notamment pour le pire.
Les six nouvelles de ce recueil ne brillent pas par leur intrigue : un jeune garçon joue l’apprenti boucher durant ses vacances d’été, un homme consacre sa vie à l’entraînement de chiens de combat, une équipe d’égoutiers s’acharne à dératiser une ville, un couple s’installe dans une chambre meublée, un groupe de prisonniers lutte pour sa survie en dérobant la nourriture destinée à la...