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Une histoire française
Lmda N°251 Le premier roman de Lolita Sene, un été chez jida, renoue avec ses racines kabyles, une Histoire douloureuse et l’indicible violence faite à une enfant. L’écriture comme un baume. Elle est aujourd’hui vigneronne, produit des vins subtils et joyeux auxquels elle donne parfois un nom venu de l’enfance comme à son cinsault de soif, Couscous. Et peut-être a-t-elle appris en soignant avec de la valériane les vignes blessées par la grêle, qu’on peut appliquer sur les blessures de quoi cicatriser les plaies et renforcer les corps. Un été chez Jida est un roman qui soigne, où...
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Domaine étranger Au fin fond des bois Là où la terre se fond dans les eaux, écoutons la voix des Filles du chasseur d’ours s’élever, hurler, maudire, dans un roman sauvage. On y rencontre une forêt, l’ombre de l’ours, une chaumière abandonnée, sept filles à l’allure et au parfum d’ogresse, des trésors enterrés, une ville sous la neige, une narratrice comme une bonne fée. Et pourtant, Les Filles du chasseur d’ours n’a du conte que l’apparence, et tient les fées, bonnes ou mauvaises, très à distance. Ne serait-ce que par cette odeur qui se dégage de la troupe agitée des filles sauvageonnes et qui envahit chaque...
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Domaine français Boltanski intime Exercice d’admiration par François Jonquet, doublé d’une satire du microcosme commercial de l’art contemporain. Un grand écart salutaire. Sur la couverture, il est indiqué « roman ». Mais ce livre contient beaucoup de réel. Il est dédié à Annette Messager et Christian Boltanski, et on a tout de suite envie d’aller voir, dans les dernières pages, celles des remerciements, ce que François Jonquet y mentionne : tout ce qui concerne les deux artistes est vrai, validé, autorisé. Où sommes-nous, alors ? Dans cet entre-deux passionnant qui glisse une bonne dose de fiction (le...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Verre paradis
La libraire du bourg a reçu un exemplaire de l’ouvrage en exclusivité, début août. Elle l’a aimé et consent à le prêter à condition que ce partage demeure confidentiel. Pas un mot sur le livre avant sa sortie officielle : si cette faveur venait aux oreilles de l’éditeur, elle en prendrait pour son matricule (clin d’œil appuyé). Juré. On lira Panorama, le dernier roman de Lilia Hassaine en loucedé. Et craché, on n’en parlera à personne.
Jusqu’à l’an passé, la jeune femme animait une chronique dans l’émission Quotidien sur la chaîne TMC. Sa mission consistait à « décrypter » l’actualité et...
Le Matricule des Anges n°246
un auteur
Mireille Gagné
Chronique
Traduction
Traduction
Anatole Pons-Reumaux*
Les Fils de Shifty, de Chris Offutt
Sept mille kilomètres séparent la province de Coni du comté de Rowan. Pourtant, les langhe italiennes et les Appalaches du Kentucky partagent une langue commune : le silence. De Cesare Pavese à Chris Offutt, la littérature des collines, à l’abri de la rumeur du monde, a peut-être ceci d’universel qu’elle s’écrit dans une grammaire concise à l’extrême, rétive au mot de trop. Chez les « gens des collines » – titre du premier opus de la saga Mick Hardin dont Les Fils de Shifty est la suite – on converse de préférence en se passant de mots. Mick, militaire au repos dans son pays natal, ne...
Le Matricule des Anges n°249
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Domaine étranger Les dépossédés d'Élias Khoury Dans un puissant roman d’apprentissage, l’écrivain libanais explore ce paradoxe douloureux : être exilé dans son propre pays. Nous ne connaissons que quelques bribes des histoires racontées, chaque histoire porte en elle des secrets et comporte de multiples facettes et, malgré de nombreuses tentatives, les romanciers demeurent incapables de la raconter de manière exhaustive ». Nul doute qu’Élias Khoury partage ce diagnostic, qu’il attribue à son narrateur, mais ce n’est pas là un constat d’échec, plutôt un défi à relever. Il lui faut donc près de 400 pages pour...
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Poésie La position du rêveur éveillé Le Voyage en Grèce de Gastone Novelli se révèle un splendide poème en prose, onde mouvante de fragments qui augmentent le sentiment d’existence. On s’accordera assez vite que ce n’est pas une supposée essence qui définit ce que l’on est, mais bien le devenir qui préside à ce que l’on sera et que peut-être l’on était. Cependant, on aura beau chercher dans la liste des poètes de la moitié passée du vingtième siècle italien, le nom de Gastone Novelli ne s’y trouvera pas, sinon par des liens entretenus avec, entre autres poètes, Edoardo Sanguineti et Elio Paglianari, ainsi qu’avec Claude...
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Histoire littéraire Yourcenar, en toutes lettres Passionnant pour tous ceux qui s’intéressent au métier d’écrivain ou goûtent la cuisine de l’édition, ce nouveau tome de sa correspondance montre aussi comment l’auteure participe à la construction de son œuvre. Couvrant les années 1968-1970, ce cinquième volume de correspondance témoigne de la façon dont Marguerite Yourcenar contrôle l’interprétation et la publication de ses textes et balise le territoire de sa pensée. Les échanges de l’année 1968 s’organisent autour de la parution de L’Œuvre au noir, préparatifs et diffusion, tandis que ceux des deux années suivantes portent sur la réception du livre et les interactions qu’il a suscitées avec les...
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Théâtre L'invitation à la beauté De l’utérus au sacré, ou comment recréer une mythologie le temps d’un tutoriel beauté dans sa salle de bains, par Héloïse Desrivières. Déesses, je me maquille pour ne pas pleurer est une pièce déroutante, alternant trivialité, intimité féminine, et poésie pour une mise en tension onirique qui percute le lecteur. L’autrice cite, avant même le démarrage de la pièce, une poétesse renommée de langue sumérienne du XXIIIe avant J.-C., Enheduanna, grande prêtresse en Mésopotamie. Elle serait la première écrivaine de l’histoire dont on ait gardé trace. Sa poésie parle...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
Margot la folle
Originale plus que frappée, Margaret Cavendish s’autopublia souvent et inventa peu. Elle est tombée d’accord avec Hobbes sur le siège de la pensée.
En 1666, date à peu près mémorisable par tous les esprits, paraissait un curieux livre qu’on dirait presque de science-fiction : Le Monde glorieux. Son auteur : Margaret Cavendish, qui signait Margaret 1re en digne reine de royaume imaginaire, une excentrique volontaire, et, à tout prendre, une Britannique comme parfois on les caricature. Elle entendait toutefois assumer et assurer son droit d’écrire et de publier en tant que femme et en tant qu’écrivain. Si le seul amour de la gloire la menait, c’était première revendication de cet ordre chez nos amis d’outre-Manche.
Duchesse de...
Le Matricule des Anges n°189