Cette « femme qui court » est irlandaise. Comme beaucoup de ses compatriotes, elle porte une blessure. Car l’Irlande, c’est une « truite qui dévore sa portée », assenait Joyce. Cette femme qui court est restée à l’arrêt un jour. A cause de sa mère suicidée, et à cause de son père incestueux. Traumatisme choyé jusqu’à l’excès - il est tellement plus facile de passer pour folle - son mari, se satisfait de cette femme lunatique. Un homme « fait de glaise », Dominic O’Hara va s’y arrêter.
Prêtre défroqué, honte à lui dans ce royaume des pieux, ce professeur de lettres classiques traîne aussi son lot de contrariétés mentales. Avec souvent des airs de monologues à la Molly Bloom, phrases hachées, pensée qui se déroule, Jennifer Johnston a écrit là un roman abouti.
La Femme qui court
Jennifer Johnston
Les Velles lettres
183 pages, 115 FF
Domaine étranger La femme blessée
novembre 1992 | Le Matricule des Anges n°2
Un livre
La femme blessée
Le Matricule des Anges n°2
, novembre 1992.