C’est en septembre1988 que paraît pour la première fois cette étonnante revue au titre évocateur d’un Mexique mythique, Le Serpent à Plumes. Le nom est une référence, entre autre, à D.H. Lawrence et à la littérature anglo-saxonne, où la nouvelle est en meilleure santé qu’en France. C’est aussi le choix de Pierre Astier, le fondateur et directeur de publication, après un voyage effectué au pays des Tarahumaras. L’originalité du Serpent à plumes est multiforme : c’est d’abord une revue de fictions courtes, genre en difficulté en France, c’est ensuite toute une série de feuillets libres, autonomes, réunis dans une pochette plastique transparente. « On voulait garder cette idée qu’une fiction courte pouvait être lue séparément des autres pages de la revue » explique Claude Tarrène, le responsable commercial du Serpent qui évoque le modèle anglais, Granta. Autre marque de la revue : l’illustration en Une, signée d’un artiste contemporain selon le choix de Pierre Astier. Dès les premiers numéros, Le Serpent parvient à réunir les signatures des plus grands : Vladimir Nabokov, Michel Tournier, Paul Bowles, Raymond Carver, Antonio Tabucchi….
Malgré les difficultés inhérentes à cette démarche, le tirage des numéros est élevé puisqu’il atteint les 5 000 exemplaires. Claude Tarrène est d’ailleurs conscient de l’importance du chiffre : « C’est un succès d’en être là après cinq ans car il y a peu de libraires qui présentent correctement la revue. Si l’on ne présente pas bien ce qui se fait de mieux en littérature, il ne faut pas parler de crise du livre… ».
Pour arriver à cette pérennité, la revue doit se reposer sur un réseau de collaborateurs-traducteurs et, bien sûr, sur les écrivains contactés pour l’obtention d’un texte (les droits d’auteur s’élèvent, en moyenne à 1 500 francs par nouvelles).
A en croire Claude Tarrène, la volonté de faire du Serpent une maison d’édition était inscrite dès l’origine, « seulement ce métier ne s’improvise pas, il faut apprendre, ce que nous avons fait pendant cinq ans ». Depuis le 2 avril donc, quatre petits livres, format 10x14,5, proposent de retrouver les textes des quatre premiers numéros du Serpent à plumes dont les trois premiers sont aujourd’hui épuisés.
Mais la grande innovation, ce sera pour le 28 août prochain avec la sortie de deux nouveautés littéraires. « Notre ambition, explique Claude Tarrène, ce n’est pas faire des livres de plus, mais nous avons, ici, des textes qu’il faut absolument publier ».
La répartition entre la littérature francophone et la littérature étrangère tentera de rester équitable. Les textes seront, pour la plupart, de courts romans ou des recueils de nouvelles écrits par des auteurs établis ou des nouveaux venus dans le monde littéraire et les titres ne devraient pas dépasser la douzaine par an.
Pour ce faire, Pierre Astier est allé chercher un imprimeur très loin hors de France, à Singapour. L’idée étant, bien sûr, d’obtenir un travail de très...
Éditeur Les nouvelles plumes du Serpent
janvier 1993 | Le Matricule des Anges n°3
| par
Thierry Guichard
La revue de nouvelles, le Serpent à Plumes se métamorphose en maison d’édition. Sortie des anciens numéros en un joli format de poche avant les inédits programmés pour la rentrée.
Un éditeur