Depuis quelques mois, les éditions Viviane Hamy ont un bureau. Auparavant, la maison d’édition et l’appartement privé de sa fondatrice étaient un même lieu. Le déménagement au 55, rue du Temple dans le quatrième arrondissement de Paris marque bien la réussite d’une maison qui, par ses choix rigoureux, a su grandir au coeur de la tourment éditoriale.
Viviane Hamy n’est pas venue subitement à l’édition. Ce métier, elle a commencé à l’apprendre aux éditions La Différence où, pendant trois ans, elle a occupé presque tous les postes, de la fabrication à la lecture des manuscrits en passant par la vente auprès des libraires. Puis, pendant un peu plus de trois ans, elle est attachée de presse pour Belfond, puis chez Robert Laffont, Lieu Commun, et enfin, un an et demi chez Phébus. Dix ans, donc, à préparer la naissance de Viviane Hamy éditions.
Viviane Hamy : Très vite j’ai voulu créer ma propre maison mais j’avais la trouille. Enfin, le rêve s’est transformé en projet, et lorsqu’en septembre 1988, j’ai donné ma démission c’était pour me lancer dans la bataille. Au chômage, j’ai tracé les principales lignes éditoriales toujours en vigueur aujourd’hui. Puis je me suis attachée à défendre mon projet auprès de mes partenaires (amis et membres de ma famille) et en été 1989, je me suis attelée à la tâche la plus importante : trouver un diffuseur. En septembre tout était en place, j’ai lancé mes trois premiers titres en janvier 1990. A ce jour, quarante-trois ouvrages sont au catalogue.
Et le premier titre, ce fut le recueil de nouvelles d’une inconnue, Armande Gobry-Valle…
Oui c’était Terre tranquille. Cette rencontre avec Armande Gobry-Valle, ce fut comme un signe. J’ai reçu son manuscrit en janvier 1989, à une époque où je ne savais même pas si j’allais pouvoir créer ma maison. En fait, c’est par le biais d’une amie, Josyane Savigneau, (responsable du Monde des livres, NDLR) que m’est arrivé Terre tranquille. Les deux femmes s étaient rencontrées lors d’une représentation théâtrale mise en scène par le mari d Armande Gobry-Valle. Connaissant mon projet, Josyane Savigneau lui avait conseillé de m’envoyer un exemplaire de son manuscrit. Aujourd’hui c’est un peu mon auteur fétiche.
Mais Terre tranquille n’est pas le seul titre que j ai sorti en janvier 1990. Mon projet c’était de proposer trois ouvrages à chaque livraison. Et dès le début, j ai voulu définir mon domaine éditorial. D’où, un livre signé d’un auteur français inconnu, Armande Gobry-Valle, un texte épuisé depuis longtemps Mémoires du Capitan Alonso de Contrepas avec une préface d’Ernst Jünger et un roman venu d’Europe de l’est, Fille des pierres de la Hongroise Cecile de Tormay.
Comment trouvez-vous ces romans étrangers ?
Souvent, quand je ne vais pas bien, je lis le dictionnaire des œuvres et des auteurs. Et lorsque je tombe sur un ouvrage qui semble intéressant, je vais le lire à la Bibliothèque nationale. S’il est épuisé depuis plus de...
Éditeur Viviane Hamy, le prix des lettres
avril 1993 | Le Matricule des Anges n°4
| par
Thierry Guichard
En trois ans, les éditions Viviane Hamy ont acquis une image de grande qualité. Une réussite méritée mais qui ne met pas la société à l’abri des problèmes financiers. Portrait d’un éditeur sans tabou.
Un éditeur