Il n’y a pas pire ennemi que les souvenirs : « vous ramassez un caillou et une avalanche tonitruante vous dégringole sur le crâne. »
C’est sur cet avertissement que l’Australienne Janette Turner Hospital, pour la première fois traduite en France, a nourri sa fiction. Une fiction élégante et efficace qui montre comment une grand-mère tente de réunir ses enfants, éparpillés au quatre coins du monde, à l’occasion de ses noces d’or. Difficiles tractations puisque le grand-père, aigri par sa vie passée, n’a jamais été un tendre et compréhensif éducateur. On retiendra l’ardente facilité avec laquelle l’auteur joue avec les analyses psychologiques de chacun. D’une saga familiale complexe où la mémoire peine à se revitaliser, elle a tissé un inextricable écheveau d’amour et de ressentissement. En revanche, on regrettera la description de cette mémoire douloureuse, bien souvent noyée dans de longues digressions factuelles, ainsi que le dénouement, épilogue à l’eau de rose qui aurait gagné à ne pas être évoqué.
Le Serpent à plumes
traduit de l’anglais
par Marie-Odile Fortier-Masek
375 pages, 110 FF
Domaine étranger Comme un Tigre en cage
février 1994 | Le Matricule des Anges n°7
Un livre
Comme un Tigre en cage
Le Matricule des Anges n°7
, février 1994.