New York, 1949. Vendredi 12 avril : Hitler qui a trouvé refuge aux Etats-Unis après avoir échappé aux Soviétiques participe à un talk-show sur C.B.S. Samedi 13 avril : Goering, accompagné de sa nouvelle girl friend, Marylin Monroe, vient dîner chez les Hitler pour regarder avec eux l’émission enregistrée la veille. L’émission est interrompue par l’annonce de l’attaque de Pearl Harbour par les… Soviétiques. Dimanche 14 avril : Hitler sort, comme chaque jour, faire le tour du bloc. Il « pense » : la guerre qui commence lui fait croire qu’il peut encore jouer un rôle historique. Il se sent plein d’une nouvelle jeunesse quand soudain un admirateur l’aborde… Clin d’œil à l’écrivain américain Norman Spinrad, cette étonnante « comédie » noire exploite la même hypothèse de départ que Rêves d’acier(Press Pocket, 1992).
Dans son roman, Spinrad supposait qu’Hitler après avoir échoué à s’emparer du pouvoir dans les années 30 en Allemagne avait trouvé refuge aux Etats-Unis et s’y était reconverti dans l’écriture de romans de science-fiction. Jean-Pierre Andrevon, lui, détourne le cours de l’Histoire un peu plus tard. Dans Le Dernier Dimanche…, Hitler a quitté Berlin avant l’arrivée des Soviétiques mais ceux-ci ont continué leur progression, conquis la France (qui collabore en 1949 sous « le Président Duclos » avec autant d’enthousiasme qu’en 1941 sous Pétain) et s’apprêtent à conquérir le reste du monde.
Ce portrait d’un Hitler en proie aux maladies d’Alzheimer et de Parkinson et dont les problèmes de prostate rythment la vie est écrit avec une maîtrise qui n’a d’égal que sa cruauté. Sa mort lente (racontée « de l’intérieur » sur huit pages) et l’hallucination dans laquelle il s’éteint comme s’il « plongeait » dans le grain de beauté entrevu de Marylin Monroe, un « lac bleu-noir à la surface du sein doré » pour « s’y noyer, et renaître à la lumière dorée du monde » sont un morceau d’anthologie.
Le Dernier Dimanche de
monsieur le chancelier Hitler
Jean-Pierre Andrevon
Canaille / Revolver
126 pages, 49 FF
Domaine français Ah, ce vieil Adolf
novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14
Un livre
Ah, ce vieil Adolf
Le Matricule des Anges n°14
, novembre 1995.