L’amour n’est rien. L’angoisse est tout,/ l’angoisse de vivre./ Si tu rends ma vie froide et vide !/ Je ne tendrai pas vers le soleil.// Ne te penche pas si chaude contre ma joue./ Je veux avoir froid. Faim !/ La joie, la joie n’est rien/ pour qui connut le sel du chagrin. » Prix Nobel de littérature en 1951, Pär Lagerkvist (1891-1974), auteur des romans Le Nain et Barabbas, a écrit plusieurs recueils de poésie. Angoisse (1916), le premier d’entre eux, déploie une thématique de la douleur, de la cruauté et de l’égarement, qui résonne parfois avec les accents du Pierrot lunaire de Schönberg ou du Wozzeck d’Alban Berg. Autant dire la froideur du climat, la vanité de tout sentiment, l’inspiration expressionniste en total accord avec l’époque qui règnent dans ces pages. La mort y sourit à chaque instant et l’odeur des cadavres passe sur le monde. Dans ce sombre joyau brillent quelques couleurs vives qui nous font brièvement croire en l’amour. Comme quoi le désespoir a sa beauté.
M. Bl.
Angoisse
de Pär Lagerkvist
Atelier La Feugraie
(14 770 St-Pierre-la-Vieille)
50 pages, 65 FF
Poésie Angoisse
septembre 1996 | Le Matricule des Anges n°17
| par
Marc Blanchet
Un livre
Angoisse
Par
Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°17
, septembre 1996.