Après la truie de Marie Darrieussecq et la vache de François Morel, voici venir Gun le pitbull ! Comment interpréter ce déferlement de narrateurs quadrupèdes ? Certains, invoquant Kafka comme Deleuze, ont salué l’émergence d’un « devenir animal » qui devait jeter un trouble bienvenu dans le roman hexagonal.
C’est pousser le bouchon de la modernité un peu loin, puisque nos bêtes s’inscrivent dans la lointaine tradition du Huron voltairien et des Persans de Montesquieu, candides observateurs de nos tares. Ainsi le regard étranger de Gun dévoile-t-il la jungle des villes, où les gangs prétendument féroces rencontrent de bien plus dangereuses espèces, notamment dans les milieux de l’art et de la branchitude. La satire ne fera pas de mal à une mouche : il est heureux que le récit, gentiment picaresque, n’affiche aucune prétention. Inutile donc de montrer les dents.
Denoël
207 pages, 70 FF
Domaine français Mémoire d’un pitbull
janvier 2000 | Le Matricule des Anges n°29
| par
Gilles Magniont
Un livre
Mémoire d’un pitbull
Par
Gilles Magniont
Le Matricule des Anges n°29
, janvier 2000.