Jacques Brémond apporte toujours un soin particulier aux poèmes de Françoise Hàn. Ainsi de ce recueil, on dira qu’il est beau avant toute chose. Il faudrait ensuite évoquer sa fragilité sereine, comme si les pages de papiers végétaux importés du Népal sur lesquelles sont gravés les poèmes avaient été découvertes telles sous un glacier. Cela convient à cette poésie qui évoque tout à la fois la matière (le bois, la pierre et la terre) et la méditation, qui convoque les silhouettes futures de l’androïde et nous rapproche des premiers hommes. Avec la poésie comme seul relais, puisque« L’instant ne nous appartient pas/ qu’il tombe droit/ ou plane au large d’un ciel d’été/ il nous traverse ». On perçoit dans la voix de Françoise Hàn le désir de prendre le monde à bras le corps avec la certitude de n’en attraper que l’ombre : « de la Voie Lactée/ le grésil tombe/ sur les mains pétrifiées ». On lit alors ces vers comme s’ils nous venaient de loin et qu’en eux le temps aussi avait gravé ses signes.
Éditions Jacques Brémond
non paginé, 150 FF
Poésie L’Unité ou la déchirure
janvier 2000 | Le Matricule des Anges n°29
| par
Thierry Guichard
Un livre
L’Unité ou la déchirure
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°29
, janvier 2000.