Nelson Ascher, quadragénaire brésilien, est un contorsionniste. Sa poésie nerveuse porte au coeur d’une allure minimaliste d’étranges accents baroques : un paradoxe, comme quand il dit tenir du concrétisme et du parnasse. « Ce sont les mots qui me droguent » : les siens, ceux des autres qu’il traduit -Ferlinghetti, Cendrars, Tardieu, Borges, Martial… Brodant sur cette « ligne qui sépare le brusque de l’exaspéré », Ascher sculpte des poèmes sur des matières variées : de l’épiphanie d’un instant quotidien aux ressources de la fable boiteuse et de l’Histoire. Ciselés, jouant d’appositions digressives, ruptures et paradoxes, ils sont par moments pour la narration ce qu’un miroir brisé est à l’image ; les mille morceaux d’un coeur brisé, aussi. « Tout le poème s’est perdu/ qui était avant dans mes neurones,/ aussitôt écrit, il y a quelques/ instants ; ou s’est transformé/ en variations moins sur son thème que sur d’autres… » Entre l’urgence à dire ou ne pas perdre et la subtilité d’efforts poétiques, Ascher louvoie au plus juste.
Stup
Nelson Ascher
Traduction collective du portugais (brésilien)
des comptoirs de la nouvelle B. S.
cipM
32 pages, 7,62 € (50 FF)
Poésie Stup
décembre 2001 | Le Matricule des Anges n°37
| par
Pierre Hild
Un livre
Stup
Par
Pierre Hild
Le Matricule des Anges n°37
, décembre 2001.