Les Éditions Comp’Act ont eu la riche idée de rassembler sept recueils de poèmes et récits de Patrick Laupin, publiés chez divers éditeurs entre 1981 et 1996. Cette anthologie présente d’abord une écriture qui se porte sur le rien, le doute, la nécessité de bâtir sur des ruines. Les poèmes des premiers recueils s’inscrivent dans le quotidien : « où les brumes ne s’élèvent pas plus haut/ que la fatigue ». Dès le début l’obsession du temps s’impose à l’auteur et celle-ci ne le quittera plus. Il privilégie les moments de la journée suivant la chronologie de ses ouvrages. Peu à peu il s’ouvre au monde et continue sa réflexion marquée par une peur latente : « Promis à disparaître, nous ne disparaissons jamais qu’en parlant, si faiblement, si proche, si loin, cela nous appelle-t-il ». En 1991, Patrick Laupin publie aux éditions Cadex Les Visages et les voix (réédité aujourd’hui), un retour sur son enfance où il part à la recherche des traces d’un monde disparu, celui des mineurs de fond. Un livre émouvant sur le questionnement de la mémoire humaine, sur ce qui reste lorsque les lieux sont détruits. Mélange à la fois de récits personnels, de propos rapportés, le tout est accompagné de photographies en noir et blanc de Yves Neyrolles qui ajoutent encore plus d’intensité aux mots. Cette démarche va marquer l’oeuvre littéraire de l’auteur. La Rumeur libre, sans doute le plus beau recueil, décline cette thématique : « vingt mille mineurs en grève descendant/ à pied le bassin houiller des Cévennes ». D’autres textes s’inscrivent dans cet hommage à la classe ouvrière disparue. Changement de temps, changement d’époque, Patrick Laupin réclame aussi le po&eg
Patrick Laupin
Poésie.Récit.
318 pages, 18,30 € (120 FF)
Les Visages et les voix
206 pages, 16 € (105 FF)
Éditions Comp’Act
Poésie Mémoires du fond
mars 2002 | Le Matricule des Anges n°38
| par
Stéphane Branger
Des livres
Mémoires du fond
Par
Stéphane Branger
Le Matricule des Anges n°38
, mars 2002.