Le temps de Planck/ est cette minuscule fraction de seconde/ zéro virgule quarante-deux zéros une seconde/ un millionième de billionième de billionième de seconde" explique Maria à son père mourant. Et donc la famille Planck devant la mort mesure le temps non plus en semaine, en heure, en minute ou en seconde mais en temps de Planck ce qui donne un petit air d’éternité au temps qu’il reste à vivre à Planck. Malgré ce sujet grave, la mort d’un être cher, Sergi Belbel a choisi d’écrire une comédie musicale. Elle est également découpée en unité Planck, quarante-quatre scènes qui portent comme titre zéro, zéro (1), zéro (2)… zéro (42) puis un. Présent, passé, futur fantasmé sont mélangés. Le Temps de Planck est un moment de confessions, de confidences, de doutes, de terreurs et de tendresse. Grâce à la rythmique des répliques, à l’alternance des textes et des chansons, l’auteur parvient à ce que le rire, la vie, l’humour, la légèreté, le fantasme et la vitalité se mêlent à cette interrogation sur la mort, sans jamais la rendre sinistre. La mort est vécue comme un petit morceau de trou noir, une dernière grande explosion intime, reliée tout entière au cosmos, aux étoiles. Et la vie, une éternité de temps de Planck mélangeant morts
et vivants.
Le Sang que l’auteur catalan a écrit en 1998 est une fable cruelle. Une femme d’un homme politique véreux est prise en otage. Toutes les dix heures, les ravisseurs lui coupent une partie du corps. La pièce se déroule sur quarante heures. Quatre parties vont être amputées, un doigt, une oreille, un pied puis la tête. Les parties du corps sont envoyées à certaines personnes de la ville. La pièce est donc une alternance de huis clos et de scènes extérieures. Belbel essaie de faire ressentir les effets de la haine et de la violence et ses conséquences sur l’enfance. C’est insoutenable tout du long.
SERGI BELBEL
Le Temps de Planck
traduit du catalan et du castillan
par Christilla Vasserot
Le Sang
traduit du catalan et du castillan
par Carole Franck
Éditions Théâtrales
192 pages, 20 €
Théâtre Mort et sang
janvier 2003 | Le Matricule des Anges n°42
| par
Laurence Cazaux
Un livre
Mort et sang
Par
Laurence Cazaux
Le Matricule des Anges n°42
, janvier 2003.