Riikka Ala-Harja, venue de l’univers de la BD finnoise, a mis dans ce roman plein d’espoir tout ce qui, peut-être, se trouve à l’étroit dans les bulles, « ces choses qui restent toujours coincées entre d’autres choses et qu’il faut savoir aller chercher exprès ». Plus un mot, plus une parole, la moitié d’un corps qui ne réagit plus, flasque : Tom est hémiplégique. Fauché par une attaque cérébrale au moment où il voulait retrouver sa fille après quatorze ans d’exil volontaire en Afrique, Tom se retrouve dans l’impossibilité de réussir sa rencontre. Et pourtant, Kokko, au courant de son état, accepte de lui rendre visite à l’hôpital. Rêveuse, nostalgique, un brin passive, Kokko était dans l’impasse. Pas de petit ami, pas de travail, pas d’études en cours. Une mère politicienne habile qui vit dans les concepts mais qui se retrouve démunie lorsqu’il s’agit de résoudre un problème personnel. Kokko vivait seule dans sa tête. Tom aussi maintenant. Dans une écriture vive et enlevée, l’auteur donne l’impression de soutenir ses personnages, lutte contre leur tempérament statique, les force presque à ouvrir leur cœur. Kokko tentera la métamorphose, tout comme Tom, contraint par le destin. La rencontre, au-delà des deux seuls mots que peut maintenant prononcer le malade, « Bien, bien », a quand même lieu. Il faut parfois savoir tirer des leçons : « on ne peut pas avoir prise sur tout. Ni sur son propre corps, ni sur ses propres affaires, de toute façon, elles ne sont pas à nous »… « Bien, bien », conclut Kokko dans un éclat de rire.
Tom Tom Tom
Riikka Ala-Harja
Traduit du finnois
par Jean-Michel Kalmbach
Gaïa, 228 pages, 18 €
Domaine étranger Une famille à réinventer
janvier 2004 | Le Matricule des Anges n°49
| par
Franck Mannoni
Un livre
Une famille à réinventer
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°49
, janvier 2004.