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Jeunesse Tir au but

juillet 2004 | Le Matricule des Anges n°55 | par Malika Person

Dans ce premier roman rédigé sous la forme d’une interview footballistique, Malcolm Peet mène une double réflexion sur le sens de la vie et la nature de l’homme. Inattendu.

Là où l’on attendait un roman classique sur le football (l’irrésistible ascension d’un gardien de but sud-américain jusqu’à la victoire de la coupe du monde), on découvre à la lecture du Gardien un hymne à la vie.
Au lendemain de la coupe du monde, le champion gardien de but El Gato (le Chat) accorde une interview à son ami Faustino, un grand journaliste sportif. L’histoire d’El Gato prend très rapidement une tournure que Faustino n’aurait pu soupçonner et qui le surprend, intrigué par l’introduction soudaine d’éléments fantastiques et surnaturels dans ce récit de vie. C’est cette vision subjective (la mémoire du narrateur) de la découverte de soi qui est le corps du roman et qui dépasse largement la simple signification sportive.
Le texte est dense, à l’instar de la forêt amazonienne qui entoure la petite ville dans laquelle vit le narrateur alors âgé de 13 ans, fils d’un bûcheron œuvrant à la déforestation pour nourrir sa famille. « Il n’y avait rien au-delà de la forêt ; enfin c’est ce que prétendait mon père. Ce qu’il voulait dire, c’est que la forêt semblait s’étendre à l’infini. » Pour sortir son héros d’un conformisme social qui ferait de lui aussi un bûcheron, Malcolm Peet fait de la jungle environnante un élément déterminant du récit : c’est le lieu de tous les possibles, le lieu de transgression et d’initiation. Une transgression salvatrice qui permet à l’adolescent de s’interroger sur ses propres contradictions et celles de la communauté. Malgré les mises en garde de sa grand-mère et de son père, le jeune garçon explore en secret cette nature « contre-nature » jusqu’à aboutir à une clairière où l’attend un gardien de but fantomatique venu l’initier. Ce subtil recours de l’auteur à la fiction exotique et à l’invraisemblable est une façon de démasquer le non-sens et l’injustice sociale très présente dans le roman. Le regard porté sur les choses devient alors naïf, proche de l’imagination enfantine et fait surgir les aspects surréels du quotidien mais permet aussi d’imaginer une morale différente, un autre mode de vie, une nouvelle façon de concevoir le monde, de s’émanciper.
Au nom d’un idéal (le football) et sous l’influence d’un intransigeant mentor (le gardien), El Gato se révolte à sa manière contre l’hypocrisie de son père : il fera échec à la transmission paternelle, il ne reproduira pas les normes implicites du comportement social. Il parvient à découvrir et à légitimer de nouvelles valeurs, provocantes aux yeux de sa famille, révélant par ailleurs l’idée d’une quête individuelle du bonheur. Destinant son héros adolescent à devenir gardien de but professionnel, Malcolm Peet met en relief tout le long du roman le courage, la force de caractère, la détermination du joueur de haut niveau issu d’un enseignement sportif digne d’un parcours du combattant (éducation spirituelle, morale et physique). Et l’auteur de décrire le jeu (mental) du gardien de but en insistant sur l’importance du regard. Dans une succession de phrases courtes, l’auteur retranscrit ces visions du jeu dans les nombreuses et minutieuses descriptions des passes comme ralenties à quatre images seconde, moments de suspension du temps où l’œil décortique chaque frappe, chaque rotation du ballon rond pour déterminer sa trajectoire et son point de chute. Ces passages donnent au texte une autre dimension lui permettant de s’éloigner du militantisme sous-jacent qui aurait pu plomber le roman. L’auteur réussit à absorber le lecteur dans ces instants particuliers de vie en donnant tous les détails nécessaires à l’illusion de les vivre soi-même. L’émotion est alors provoquée par la richesse de la reconstruction imaginaire.
Dans Le Gardien, Malcolm Peet s’en prend à la logique du réel en accomplissant la fusion du rêve et de la réalité. En ouvrant son roman sur le monde de l’imaginaire et de l’irrationnel, son texte révèle des passages poétiques comme autant de moments de grâce.

Le Gardien
Malcolm Peet
Traduit de l’anglais
par Olivier Malthet
Gallimard, « Hors-Piste »
244 pages, 10

Tir au but Par Malika Person
Le Matricule des Anges n°55 , juillet 2004.
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