Quand il n’écrit pas de romans, de poèmes ou de pièces de théâtre, Franz Bartelt continue d’écrire, des éditos ou des chroniques. Existence singulière de cet homme dont les mots constituent le fluide vital du lundi au samedi. Le dimanche, traditionnellement consacré au repos des corps et des âmes, l’écrivain se livre à un exercice original : l’observation de ses contemporains. Il en tire ces chroniques grinçantes et musclées, textes savoureux, enchaînés de manière chronologique. Le tout passe joyeusement du coq à l’âne : la lassitude est impossible. Cris de révolte face au vide affiché de certaines émissions télé, regards attendris sur la foule d’un marché wallon, Franz Bartelt tire à boulet rouge sur la stupidité et l’hypocrisie. Ardennais de cœur, il traverse les frontières, posant sur les Français et les Belges un regard sans complaisance. Ses phrases courtes, effilées, stylées, font mouche, Franz Bartelt n’aime pas l’inutile et les fioritures. Une famille organise le repas de fiançailles du fils dans une cafétéria de supermarché, mais la fête sombre dans la médiocrité. Comment définir le caractère des adeptes de la pantoufle par rapport aux inconditionnels des claquettes ? Les vacances, les courses, la pluie, les gaufres, le crime, Plutôt le dimanche fonctionne comme un dictionnaire philosophique, teinté d’humour et de lucidité. Toujours tenté par la misanthropie, l’auteur n’y cède jamais complètement. À chaque ligne et derrière chaque attaque perle une tendresse qui rend ces critiques touchantes.
Plutôt le dimanche de Franz Bartelt, Éditions Labor, 244 pages, 18 €
Domaine français Chroniques sauvages
novembre 2004 | Le Matricule des Anges n°58
| par
Franck Mannoni
Un livre
Chroniques sauvages
Par
Franck Mannoni
Le Matricule des Anges n°58
, novembre 2004.