Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire (Michel Crépu a pris soin de lui adjoindre un sous-titre : « Ou la tentation de l’irréprochable »), il ne s’agit pas d’une entreprise biographique difficile d’ailleurs de réaliser la synthèse de cet intellectuel que fut Charles Du Bos (1882-1939), à la fois écrivain catholique, esthète décadent et traducteur de Joyce. Mais on n’y lira pas davantage la démonstration d’une thèse : Michel Crépu y présente plutôt l’expérience de Du Bos, expérience des plus singulières puisque son œuvre (ce Journal réédité en trois volumes aux éditions Buchet-Chastel) est le résultat d’un double échec, l’écrivain n’étant devenu ni le romancier ni l’autobiographe qu’il projetait d’être.
Ce parcours croise l’œuvre de ces grands dont il ambitionnait de devenir l’égal, à commencer par celle d’André Gide, qui encourageait ainsi son ami : « n’abandonnez pas votre journal : il se peut que vous ne parveniez pas à faire des œuvres. Mais votre journal est une œuvre : ces difficultés multiples qui vous empêchent de produire constituent elles-mêmes le sujet de votre œuvre »… Les autres compagnons de route se nomment Joubert, Walter Pater (autour de qui s’est cristallisé l’esprit décadent), ou Bergson, pour s’en tenir à ceux qui l’auront le plus sûrement guidé sur ce chemin qui le menait au « Moi profond » tout en le ramenant à Dieu.
Les investigations de Crépu mènent le lecteur de la bibliothèque au bureau de Charles Du Bos (« l’atelier Holbein », où figurait une reproduction du maître allemand), pour une visite qu’il serait bon de poursuivre par la lecture du Journal.
Charles Du Bos de Michel Crépu
Le Félin poche, 160 pages, 8,90 €
Poches L’atelier Holbein
mai 2007 | Le Matricule des Anges n°83
| par
Didier Garcia
Un livre
L’atelier Holbein
Par
Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°83
, mai 2007.