Sublim’Interim (ou) L’Amour, c’est un boulot de tous les jours
Le titre choisi par Louise Doutreligne fait référence aux Sublimes, ces « ouvriers libertaires du XIXe siècle, dont l’expertise était rare et très recherchée et qui pouvaient louer leurs services au plus offrant. C’étaient des fortes têtes refusant la discipline de l’usine et prêts à en claquer la porte à chaque instant, ils travaillaient à leur guise pour une durée qu’ils déterminaient eux-mêmes, puis s’en allaient dépenser leurs revenus dans les guinguettes et les estaminets. » L’auteur essaie de voir si une filiation est possible entre les Sublimes et le travail intérimaire d’aujourd’hui, en livrant une comédie en cinq épisodes, vingt et un mouvements et quinze chansons. La saga d’une famille de la banlieue parisienne, qui doit fêter les soixante-quinze ans de la grand-mère. Cette famille, multiculturelle,
(le père est d’origine juive algérienne,
la mère victime de la dictature argentine, la grand-mère d’origine espagnole) vit dans la précarité. L’auteur brasse avec cette pièce un grand nombre de problématiques, le rapport au travail, avec les bienfaits et les méfaits de l’intérim mais aussi de l’intermittence,
les difficultés d’intégration, la dictature, la drogue dans les lycées, les difficultés relationnelles entre générations,
le racisme, le travail au noir, les tracas quotidiens d’un couple, le désir sexuel,
le premier amour… Du coup le propos semble se diluer dans trop de directions. Dommage car la proposition de départ amenait un regard singulier. Reste au final une comédie théâtrale et musicale, qui effleure énergiquement et joyeusement des enjeux de société,
en choisissant l’optimisme comme façon de rebondir à toute épreuve.
Sublim’ interim ou L’Amour c’est un boulot de tous les jours de Louise Doutreligne, Éditions de l’Amandier, 136 pages, 12 €