La plupart des interlocuteurs rencontrés à Grenoble le disent : le festival de l’Arpenteur fin juin, début juillet est un événement à ne pas manquer. L’aventure commence en 1992, lorsque Antoine Choplin crée l’association « Scènes obliques » qui souhaite « mêler des activités artistiques variées dans le creuset montagnard », c’est-à-dire hors des sentiers habituels de la diffusion culturelle. L’association développe alors un festival « Communes en scènes » en 1996. En 2002, Antoine Choplin installe son camp de base aux Adrets petite commune du massif de Belledonne. « Un curé visionnaire avait créé là une troupe de théâtre dans les années 20 ». D’événementielle, l’activité est devenue plus durable. Des écrivains sont accueillis en résidence dans le souhait qu’ils se confrontent aux paysages de Belledonne, qui est « un bouleversement géologique et humain ».
Cette année, une résidence croisée a permis la rencontre entre un auteur russe Arkadi Babtchenko et un auteur tchétchène Soultan Iachourkaev qui ont vécu chacun la guerre dans les camps opposés. Une rencontre forte à entendre Antoine Choplin, marqué par ce qui est né de son initiative. Inscrit au sein de « Cairns » décrit comme « un projet culturel international de proximité », ce travail ne cesse d’interroger les modes d’interventions culturelles en fonction du territoire. « Les Chemins d’écriture » qui accueillent plusieurs écrivains (Raymond Federman, Seyhmus Dagtekin, l’an dernier) à Belledonne ou dans le Chambaran donnent lieu à la publication d’un numéro spécial de la revue Arpentages. Les modes d’intervention se multiplient et Antoine Choplin continue de lancer des pistes nouvelles. Cette année, donc, du 26 juin au 4 juillet, l’Arpenteur a déployé son éventail de rencontres, concerts, discussions, théâtre et randonnée avec, parmi les invités, Erri de Luca. La soirée inaugurale, intitulée « Tablée pour tous » avait pour thème de discussion : « Politique de la culture, culture de la politique : des chemins d’utopie ? » L’ambition réussie du festival (4000 visiteurs l’an dernier) prouve du moins que des gens de culture peuvent mener parfois une politique que les politiques n’osent pas même imaginer. CQFD sur les sommets.
Grenoble Pentes fabuleuses
juillet 2009 | Le Matricule des Anges n°105
| par
Thierry Guichard