Depuis des années, Larry Fondation prend à bras-le-corps les bas-fonds de Los Angeles, ses quartiers esquintés où vit ou plutôt survit un peuple d’en bas pour reprendre le titre de Jack London : hommes et femmes déchues, au bout du rouleau, tous abonnés à l’humiliation, la déchéance, le cœur désarmé mais les poings féroces.
Effets indésirables, quatrième livre publié en France de ce journaliste devenu médiateur de quartier, explore l’insondable : la cruelle solitude des âmes échouées. Les textes parfois très courts, genre déflagration, semblent répondre à un état d’urgence : dire non pas le plus vite possible mais aller à l’essentiel, défier le pathétique, rejeter voyeurisme et misérabilisme. Entre cruauté et poésie, documentaire et fiction, l’écriture ciselée, telle une diablesse, convie et déstabilise. Nous voilà happés à rencontrer des vies tranchées, sans passé, sans avenir. À chacun, Larry Fondation offre une voix, un visage, un corps – un bout d’existence. À la dureté des choses, gestes ou paroles, il propose une sorte de bienveillance, et même d’humour : « Elle se tenait au bar, toute de rouge et de noir. J’ai commandé un autre verre. Minuit était déjà passé de quelques minutes. Je l’ai appelée “Miss Éthérée”. Elle ne comprenait pas de quoi je parlais. »
Martine Laval
Effets indésirables, de Larry Fondation, traduit de l’anglais (États-Unis) par Romain Guillou, Tusitala, 190 p., 18 €
Domaine étranger Effets indésirables
septembre 2016 | Le Matricule des Anges n°176
| par
Martine Laval
Un livre
Par
Martine Laval
Le Matricule des Anges n°176
, septembre 2016.