Si j’étais grand 5 : 2 pièces à lire, à jouer
Basée à Bordeaux, la compagnie du Réfectoire commande régulièrement aux auteurs des pièces courtes destinées à être jouées par des enfants et des adolescents. Cela fait maintenant douze ans et vingt textes. Cette année, Floor is lava met en scène les élèves d’un collège-lycée qui oscillent entre smartphones, histoires d’amour et rivalités. Dans une langue fleurie, imagée, ponctuée de rap, de slam et de hashtags, les jeunes gens s’affrontent et se découvrent, jouent et croient au destin, dans ce no man’s land de tous les dangers. L’auteur joue avec la langue, avec le verlan et les métaphores joyeuses : « T’es aussi bavard qu’une bouche d’égout ». Il y a de l’énergie, de l’espoir et de la poésie dans ce texte qui se clôt sur un baiser. Poétique aussi, La Disparition des hippocampes, de Sandrine Roche. Zorn découvre qu’il a en commun avec son grand-père, dont la mémoire s’étiole, le fait de ne pas avoir de place dans le monde qui les entoure. Ou plutôt, que la place qui leur est faite ne lui convient pas. Alors la bande à Zorn enlève le grand-père et s’en va bâtir un ailleurs plus habitable : « là, devant vous, une tribu à la conquête d’un nouveau monde ». Sandrine Roche suit de près cette adolescence impatiente de former « un groupe qui invente et réinvente sans cesse son territoire, par amoncellements, contradictions, errances successives ». Mais qui parle encore aux fées parce que « même si tu n’y crois pas tu rêves d’en avoir une ». Une belle aventure pour redonner un sens à l’utopie. Et puis toujours chez Théâtrales jeunesse, Adrien Cornaggia, toujours lui, publie Gaby et les garçons (64 pages, 8 €). Gaby, une enfant qui s’apprête à entrer au collège, se rêve en héroïne d’Harry Potter. Tandis que Cédric, du même âge, tente de battre, dans une bassine pleine d’eau, le record de plongée en apnée. Et puis il y a Clovis, déjà présent dans Floor is lava, « PouX / Il faut toujours prononcer le x / A la fin de Clovis Poux / Toujours / Sinon je passerai pour un parasite ». Texte joyeux, rapide, ces trois jeunes n’en finissent pas de vivre, jusqu’au drame, celui qui brutalement les fait passer à l’âge adulte. Trois textes pour prouver que le théâtre jeunesse accompagne encore et toujours la nécessaire réinvention du monde.
PGB
Floor is lava d’Adrien Cornaggia
La Disparition des hippocampes de Sandrine Roche
Théâtrales jeunesse / Compagnie du Réfectoire, 112 pages, 9 €