Une météo catastrophique, des ouragans perpétuels, voilà qui met la Louisiane et le Mississippi sous tension. Et davantage encore Jessie, une jeune femme traquée. Qui, dans ces bois sauvages, la poursuit, elle et son fils ? À pied, en voiture volée – nantie d’un cadavre emballé vite dégagé –, elle revient se réfugier chez son père Wade. Mais un certain Holt – le père de l’enfant – intègre « le Temple de la gloire et de la douleur », auprès d’« Elser, la dirigeante charismatique », qui vocifère contre les puissants de la société au moyen d’une religieuse logorrhée : « Les orages ne sont pas la faute de Dieu, mais leur faute à Eux ». Prophétesse, elle annonce une « fillette susceptible de nous sauver du climat ». Holt est bientôt pourchassé par les affidés d’Elser pour l’avoir trahie, pour une histoire de clefs qui semblent avoir une importance considérable. Une « assemblée de culs-bénits » qui ne recule pas devant le meurtre et la séquestration est à la recherche d’un endroit qu’elle appelle « l’Abîme ».
Une humanité en déshérence vivote et parcourt sans guère d’espoir une région dévastée par la crise climatique et économique. Peut-être le quatuor familial réuni en réchappera-t-il, alors que le tragique va crescendo jusqu’à la confrontation finale… Ce roman relève-t-il d’un catastrophisme excessif ? Aussi, au-delà du genre policier fort noir, du tableau de mœurs à la Faulkner, peut-être peut-on imaginer qu’il s’agit, en cet « œil du cyclone », d’une dystopie.
Malgré un rythme parfois erratique, la narration menée à un rythme haletant est bourrée de péripéties. Drame psychologique et apologue à méditer, ce thriller sait jouer avec les peurs climatiques, sectaires et fanatiques, comme avec la fatalité du mal.
T. Guinhut
Sauver cette Terre
Michael Farris Smith
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Juliane Nivelt
Gallmeister, 304 pages, 23,50 €
Domaine étranger Sauver cette Terre
mars 2024 | Le Matricule des Anges n°251
| par
Thierry Guinhut
Un livre
Par
Thierry Guinhut
Le Matricule des Anges n°251
, mars 2024.