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Affolantes Ophélies
Lmda N°252 Un drame ancien, l’omerta au village, des phénomènes surnaturels dans un Ehpad : une enquête rêveuse et réparatrice. La quatrième de couverture n’a pas tort d’évoquer Simenon pour cette enquête qui se lit comme un roman. Un village de 700 âmes, une maison de retraite où des phénomènes inexpliqués se produisent, et un silence bruissant de rumeurs au sujet d’un drame survenu en 1978, quand deux fillettes, des sœurs, se noient dans un étang. On est tout près de la Marne, beau nom pour « la plus longue...
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Domaine étranger Au fin fond des bois Là où la terre se fond dans les eaux, écoutons la voix des Filles du chasseur d’ours s’élever, hurler, maudire, dans un roman sauvage. On y rencontre une forêt, l’ombre de l’ours, une chaumière abandonnée, sept filles à l’allure et au parfum d’ogresse, des trésors enterrés, une ville sous la neige, une narratrice comme une bonne fée. Et pourtant, Les Filles du chasseur d’ours n’a du conte que l’apparence, et tient les fées, bonnes ou mauvaises, très à distance. Ne serait-ce que par cette odeur qui se dégage de la troupe agitée des filles sauvageonnes et qui envahit chaque...
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Domaine français Un poids sur les épaules Avec son jeune narrateur dans la tourmente d’un week-end, Vincent Almendros signe un roman d’apprentissage tiré au cordeau. J’avais accepté d’attendre dans la voiture pour ne pas faire d’histoire » : c’est Quentin qui parle, un collégien qui, pour avoir roué de coups un camarade, fait l’objet d’une « mesure conservatoire » d’interdiction d’accès à son établissement. Comme Vincent Almendros est prof de français dans le civil, il connaît la procédure que son narrateur, qui doit être en troisième puisqu’il a 14 ans, explique à sa cousine Chloé. Une sixième, élève...
Chronique
En grande surface
En grande surface
par Pierre Mondot
Drôle d’Œdipe
On attendait l’automne pour savourer le dernier Modiano en sa bruine mais alerte, voici que soudain les sirènes de l’édition retentissent au signal d’une intrusion : un inconnu de 25 ans a vendu en deux mois ses confessions cent mille fois. La presse repère dans ce succès aussi rapide qu’imprévisible les signes d’un véritable phénomène de société. Sans surprise, le Matricule exige une enquête. Patrick attendra.
Mais ça alors quel hasard et que le monde est mince puisque Panayotis Pascot (le phénomène observé) accéda à la notoriété par la même rampe que Lilia Hassaine, commentée dans...
Le Matricule des Anges n°248
un auteur
Martin Rueff
Chronique
Traduction
Traduction
Anatole Pons-Reumaux*
Les Fils de Shifty, de Chris Offutt
Sept mille kilomètres séparent la province de Coni du comté de Rowan. Pourtant, les langhe italiennes et les Appalaches du Kentucky partagent une langue commune : le silence. De Cesare Pavese à Chris Offutt, la littérature des collines, à l’abri de la rumeur du monde, a peut-être ceci d’universel qu’elle s’écrit dans une grammaire concise à l’extrême, rétive au mot de trop. Chez les « gens des collines » – titre du premier opus de la saga Mick Hardin dont Les Fils de Shifty est la suite – on converse de préférence en se passant de mots. Mick, militaire au repos dans son pays natal, ne...
Le Matricule des Anges n°249
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Domaine étranger Fuir ! là-bas fuir ! Dans la France de Vichy qui livre aux nazis leurs opposants, l’odyssée périlleuse et admirable d’Hertha Pauli. La France, terre d’asile ? Peut-être est-il judicieux de rappeler que notre pays fut en effet, dès le milieu du XIXe siècle, une terre d’accueil pour ceux qui fuyaient l’oppression politique – les révolutionnaires du printemps des peuples – ou les massacres – les juifs victimes des pogroms. Parmi eux, Heine, le grand poète allemand, fut pendant des années un observateur sagace du Paris d’alors (Lutèce – voir Lmda N°99). Se retournant vers...
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Poésie Une parole qui fait corps avec l'invisible Quand il n’explore pas la matérialité d’Une parole sauvage, Monchoachi hisse jusqu’à la joie du contre-chant une poésie qui célèbre l’éclat, le mystère et l’épiphanie d’une présence qui rend sensible l’insaisissable. Souple, orageuse, ondoyante, magnifiquement sonore, elle danse avec le monde la parole que déploie Monchoachi, pseudonyme d’un poète martiniquais qui, dans le sillage de Césaire et Saint-John Perse, donne à lire et à entendre l’une des voix les plus originales de la Caraïbe. Portée par une langue elliptique et mêlée, elle réveille les sens, subvertit les apparences, fait descendre les mystères dans la bouche. Lémisté (Les Mystères) est...
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Poches Les replis de l'exil Le philosophe Günther Anders éclaire en un court essai écrit en 1962 ce que l’émigration veut dire. Cet essai commence par une impossibilité de dire. À un interlocuteur, imaginaire ou non, qui lui demande de « raconter sa vie », Günther Anders, né en 1902, répond : « Je ne puis me souvenir. Les émigrés en sont incapables. » Et de préciser plus loin que sa vie, comme celle d’autres qui ont dû fuir l’Allemagne nazie puis l’Europe, est justement « irrésistiblement disloquée en plusieurs vies distinctes » oublieuses les unes des autres....
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Théâtre Cœurs de femmes Valentine Sergo ausculte une société qui déraille. Il y en a des cœurs qui battent dans cette histoire. Et il y a Nour pour s’en occuper. Nour est cardiologue. Enfin, interne en cardiologie. Et ce ne sera pas facile pour elle d’intégrer le service de l’hôpital puisqu’elle est maghrébine : « Nous devons respecter les quotas d’étudiants étrangers. Ce sont d’abord les étudiants en provenance d’autres pays européens qui sont retenus, puis, s’il reste de la place, les étudiants...
Égarés, oubliés
par Éric Dussert
Bien d’avoir tourné mal
Poète et chansonnier anarchiste, Eugène Bizeau le pacifiste militait pour la justice sociale sans se départir de sa bonhomie.
En 1983, Eugène Bizeau recevait la palme de « plus vieux lecteur du Canard enchaîné ». Avec sa bonne tête de vieux un peu rigolard, chenu et barbu à long poil, il était né depuis un siècle tout juste – épisode qui datait du 29 mai 1883 (Véretz, Indre-et-Loire). Les centenaires ne couraient pas encore les rues et celui-ci avait assez tournicoté pour que l’on puisse s’étonner de sa longévité. En 1914, à l’âge de 31 ans, il avait pourtant été réformé à cause de sa constitution qui paraissait bien bénigne. Mais s’il était freluquet, lorsqu’il prenait la plume, dame, il paraissait nettement...
Le Matricule des Anges n°229