La rédaction Didier Garcia
Articles
Un livre
Planète sans visa
de
Jean Malaquais
Malaquais, bien nulle part
Fresque sociale et historique, Planète sans visa (1947) évoque la cité phocéenne durant les premières années de l’Occupation.
Il existe au moins deux manières différentes de lire ce livre. La première est la plus simple : elle consiste à se jeter dans ce roman sans intrigue et sans protagoniste, qui juxtapose (comme l’a fait l’Espagnol Camilo-José Cela dans La Ruche avec le Madrid de 1942) des séquences narratives de longueur variable, n’ayant souvent rien à voir les unes avec les autres, et qui concernent à chaque fois un nombre limité de personnages (sur la grosse cinquantaine que contient l’ensemble). La seconde a le mérite d’être moins superficielle, et partant plus proche de la réalité historique : le...
L’autorité du non-sens
La Caisse d’Aris Alexandrou (1922-1978) donne à voir la guerre civile grecque par le trou de la serrure. Mais dans toute son absurdité.
Si nous pouvions nous en tenir à un strict résumé des faits, il suffirait d’une phrase pour présenter « l’opération Caisse » : avec un commando communiste d’une trentaine d’hommes, le narrateur doit assurer clandestinement le transport d’une caisse en fer (dont nous ignorons ce qu’elle contient quelques pages avant la fin du roman, et dont nous ne dirons rien de plus ici) de la ville de N...
Le Non de Klara de Soazig Aaron
Prix Goncourt 2002 du premier roman, Le Non de Klara de Soazig Aaron (née en 1949) présente le journal qu’Angelika a tenu du 29 juillet 1945, date à laquelle sa belle-sœur et amie Klara est revenue d’Auschwitz, au 13 septembre de la même année, après son départ pour les États-Unis.
Angelika a beau accueillir son amie chez elle, les retrouvailles entre les deux femmes sont compliquées, la...
Un chèque en or
L’Américain Davis Grubb (1919-1980) entraîne le lecteur dans l’odyssée de trois repris de justice, sur fond de Grande Dépression.
Avril 1935, quelque part en Virginie-Occidentale. Trois hommes ayant fini de purger leur peine sortent de prison : Johnny Jesus (un gamin, condamné pour un viol qu’il n’a pas commis), Billy Lee Cottrill (un personnage très discret, qu’on oublie facilement), et Mattie Appleyard, qui a passé 47 ans dans ce pénitencier, et qui en ressort avec un chèque d’un peu plus de 25 000 dollars, sorte de...
Au musée Paul Nizon
Avec Le Regard ramassé, l’auteur de Canto nous entraîne au cœur de la modernité artistique. Qui est aussi la sienne.
Ne boudons pas notre plaisir : huit ans après Faux Papiers (Actes Sud, 2014), le retour de Paul Nizon en librairie est une nouvelle dont il faut se réjouir. D’autant qu’il s’agit ici d’un Nizon inédit, et pour une large part antérieur à l’œuvre romanesque (initiée en 1959 avec Les Lieux mouvants) : le critique d’art, habit sous lequel il a affûté son regard et fourbi ses armes d’écrivain.
Né...