La rédaction Martine Laval
Articles
Demain, je vivrai
José Vieira, fils de travailleur portugais, fait le récit de son enfance dans un bidonville. Un texte fort, pudique et politique.
À l’école, il se tient à carreau. En quelques mois, il a appris le français, appris à encaisser les railleries des autres gosses. Il ne connaît pas les feuilletons de l’époque, Zorro, Thierry la fronde. Chez lui, il n’y a pas de télé encore moins d’électricité. Quant à l’eau, il faut vaincre une boue gluante pour aller remplir ses seaux. La maison de José Vieira, c’est une baraque, une parmi tant, plantée le long de la nationale 20, du côté de Massy. Au loin, des immeubles qui, le soir, s’illuminent comme un rêve inaccessible. Le village de José Vieira s’appelle Bidonville. Il a...
Ni dieu, ni mec
Avec ses Chiennes de garde, Dahlia de la Cerda en met plein la vue – et même la gueule. Petit traité de féminisme et de survie dans la jungle mexicaine d’aujourd’hui.
Gare à celui qui osera encore dire que les filles sont des mauviettes ou des salopes, qu’elles n’ont que ce qu’elles méritent, à savoir coups, humiliations, viols. C’est fini. L’heure est à la relève sinon à la révolution. Dahlia de la Cerda brandit une littérature d’un genre nouveau, combine des mixes plutôt contraires : des coups de poing et de la tendresse, un parler populaire, vulgaire,...
L’amour sur des rails
Dans le Paris trépignant des années 1950, Paul Guimard imagine une histoire de cœur impossible. Ou comment piéger la fatalité. Réédition de Rue du Havre.
Il se nomme Julien Legris, pas Lenoir ou Leblanc, non, il est tout entier de ce gris passe-partout, couleur passe-muraille. Il est arrivé au « désert glacé de la soixantaine » sans fredaine, sans le moindre petit drame, un peu comme le monsieur William de Jean-Roger Caussimon1. Julien Legris a fait la Grande Guerre « sans autre action d’éclat que celle de survivre. » Pas une égratignure....
Un livre
Corps de ferme
de
Agnès de Clairville
Adieu veaux vaches cochons
Agnès de Clairville signe le roman noir de la vie à la campagne. Ses narrateurs ? Les animaux de la ferme en chair et en os. Stupéfiant.
C’est une histoire physique, charnelle, au suspense diablement orchestré, une histoire qui impose son souffle, oblige à l’endurance, une histoire d’odeurs et de sang, de vie et de mort. Dès la première page, on est déstabilisé, on n’ose pas tout comprendre, mais oui, c’est ça, cette narratrice, celle qui nous raconte son étonnement, sa douleur, sa solitude, qui ouvre grand ses yeux innocents...
Cités des poètes
Johanne Rigoulot revient sur les lieux de son enfance à la recherche d’une gamine au destin fracassé. Quand l’enquête se fait littérature.
Années 1970. La France embauche à tout-va, surtout des hommes venus d’Afrique du Nord. Elle pousse vite vite, bourgeonne comme un ado, imagine des cités radieuses qui n’en portent que le nom ou des Sarcellopolis façon facétieuse à la Marc Bernard. À Chalon-sur-Saône, comme partout, les logements dits d’urgence s’installent dans la durée : « Ici, on dit “les PLR“ comme on crache. Programme à...