La rédaction Martine Laval
Articles
Demain, je vivrai
José Vieira, fils de travailleur portugais, fait le récit de son enfance dans un bidonville. Un texte fort, pudique et politique.
À l’école, il se tient à carreau. En quelques mois, il a appris le français, appris à encaisser les railleries des autres gosses. Il ne connaît pas les feuilletons de l’époque, Zorro, Thierry la fronde. Chez lui, il n’y a pas de télé encore moins d’électricité. Quant à l’eau, il faut vaincre une boue gluante pour aller remplir ses seaux. La maison de José Vieira, c’est une baraque, une parmi tant, plantée le long de la nationale 20, du côté de Massy. Au loin, des immeubles qui, le soir, s’illuminent comme un rêve inaccessible. Le village de José Vieira s’appelle Bidonville. Il a...
Aux dépossédés
Comme toujours écorché vif et débridé, il galvanise avec tendresse et humour l’autofiction. Et prend racine dans sa langue d’adoption.
C’est l’histoire d’un mec qui s’appelle Velibor Čolić. Il pèse 107 kg et mesure 1,95 m – chiffres énoncés dès la troisième ligne de son nouveau roman. Il poursuit les présentations, nous confirme qu’il est polyglotte, sait écrire en deux langues, le français (c’est vrai) et le croate. Il est aussi réfugié politique et donne au déracinement de superbes phrases, syncopées, jazzy : « Ma...
Lettre à la mère
C’est une déflagration. Une déclaration d’amour. Un feu d’artifice de tendresse. Quand la pudeur ne sert qu’à nommer les choses de la vie, leur donner sens. D’emblée, le narrateur prend des précautions mais avertit qu’il se moque bien des quand dira-t-on. Oui il a 50 ans, il est professeur de lettres, oui il est célibataire, peut-être même vieux garçon, et oui il a décidé de vivre avec sa...
Dans le silence de la nuit
Dans la veine de Là-haut, tout est calme, l’écrivain néerlandais fait face à ses démons et s’insinue dans une famille fissurée. Un roman tout en pudeur.
Nous étions deux garçons et un seul corps. » À la vie, à la mort. Deux êtres unis à jamais, ce serait cela l’amour ultime : ne faire qu’un. Les romans du Néerlandais Gerbrand Bakker sont hantés par la gémellité, le double « cet autre moi-même », l’identité, le genre, et puis la perte, la fuite, l’abandon. Tout un peuple de fantômes qu’il faut tenir à distance, tant de désirs enfouis. Déjà,...
La colère monte
Histoire d’un jeune prolo insoumis dans l’Angleterre des années 50. Réédition de Samedi soir, dimanche matin, roman bourré de rage.
Il a tout du mauvais garçon, le parler, la dégaine, la machiste attitude, irritante en diable. Il est ouvrier, travaille à la chaîne, est payé à la pièce. Il s’en fout. Il est jeune, 20 ans, tête fougueuse et muscles d’acier, il trime, bat de vitesse ses collègues, gagne nettement plus. Et alors ? Chacun pour soi. Faut pas le chercher. Parfois, il cogne. Souvent, il boit. La baston et les...