La rédaction Thierry Guinhut
Articles
Franchir les murs
Les nouvelles d’Evgueni Zamatine entre exaltation romantique et réalisme satirique.
Trop peu connu, le Russe Evgueni Zamiatine (1884-1937) a le mérite d’être en 1920 le premier auteur d’une dystopie. Nous (Actes Sud, 2017) fustige en effet le régime de Lénine et le communisme, alors que son malheureux héros, qui n’est qu’un numéro, se voit obligé, pour avoir été amoureux et individualiste, de subir une ablation de l’imagination. L’on se doute que son apologue antitotalitaire ne fut guère du goût du pouvoir. Mais, avant de mourir misérablement à Paris, il eut le soin d’écrire quelques nouvelles plus réalistes et cependant fort critiques. Datant de 1907, Seul est bien de...
Rachilde, homme de lettres de Cécile Chabaud
Une incroyable personnalité innerve la trajectoire de Marguerite Eymery (1860-1953). Stimulée par le reproche de son père qui aurait voulu qu’elle soit un garçon et en fait une amazone, énervée par les violences de ses parents, un viol précoce, un mari refusé, la petite provinciale qui a lu Zola et Sade – anticipant son Madame de Sade – et se voit encouragée par Hugo, débarque du Périgord où...
Jardin tourmenté
Un roman historique flamboyant au cœur de la Renaissance italienne.
Météoriquement paru en 1962, Bomarzo fut interdit pendant dix ans en Argentine, sans doute parce que son personnage parut trop peu moral. Il est étonnant que le chef-d’œuvre de Manuel Mujica Láinez (1910-1984) soit chez nous ignoré, bien que traduit en 1987. Et stupéfiant qu’un auteur argentin connaisse si intimement la Renaissance italienne pour y planter un irremplaçable héros.
Un fils...
Paysages du fantastique
Cinq contes illustrés du maître de l’inquiétante étrangeté, E.T.A Hoffmann.
Si le premier roman fantastique est celui du Français Jacques Cazotte, Le Diable amoureux, en 1772, l’Allemand Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822) est le propagateur génial du genre. Dès 1829 les Français le traduisirent, Gavarni l’illustra brillamment en 1849. Quoique ses œuvres complètes figurent chez Phébus, Dans la nuit offre une initiation réunissant cinq contes, entre diableries,...
Mon cher mari de Rumena Bužarovska
C’est à un jeu de massacre tour à tour hilarant et amer que se livre l’écrivaine macédonienne Rumena Bužarovska. Son titre, Mon cher mari, est à lire par antiphrase, tant l’ironie est à fleur de récit.
Très vite, l’admiration, la passion se sont fanées. Là où la vie conjugale n’est pas semée de roses, mais d’épines, ils sont tous plus ou moins ridicules – comme le « poète », vaniteux bien...