RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Un auteur
Le philosophe floral
Saint-simonien mais romantique, ouvrier mais philosophe, l’utopiste Gabriel Gauny savait prendre le temps de poétiser la nature.
Menuisier et philosophe. Gabriel Gauny a parfaitement représenté le type de l’ouvrier fasciné par l’écriture tel qu’on en rencontre souvent. Et en particulier chez les travailleurs du bois. Comme dans le fameux tableau de Caillebotte, il travaillait à genou puisqu’il était menuisier parqueteur et partageait cette soif, cette rage d’écrire, qui nous a valu récemment la découverte étonnante dans un château de l’Isère où le revers des planchers portait les écrits cachés du menuisier de l’époque (J.-O. Boudon, Le Plancher de Joachim, histoire enfouie d’un village français, Belin, 2017)....
Un surréaliste natif
Syndicaliste révolutionnaire et ami de Simone Weil, Jean Duperray fut le romancier noueux du fait divers et de l’énergie populaire.
Mines, Manufacture d’armes et club de foot ont fait l’essentiel de la notoriété de Saint-Etienne au siècle dernier. Le replet Catalogue de la Manu et les terrils désormais verdis ont même failli masquer une part non négligeable de la vie stéphanoise : la littérature. Avec Marc Stéphane (1870-1944) et Henri Simon Faure (né en 1923) en effet, le chef-lieu de la Loire a offert à la littérature...
Scabreux librettiste
Figure tonitruante d’un siècle troublé, Etienne de Jouy l’Hermite chroniqueur n’avait qu’un dieu : Voltaire.
Académicien désormais sans audience, Étienne de Jouy ne fut pas n’importe quelle figure de l’âge révolutionnaire : il fut l’aventurier-type, doublé du polygraphe total, et si versatile qu’on ne voit guère à qui on le pourrait comparer. Réputée girouette des années troublées de la Révolution, des divers empires et suivantes restaurations, ce va-t-en-guerre, cette grande gueule, dangereuse pour...
Un auteur
Un métier qui paye
Pierre Bost connut le désenchantement du journalisme et des ingrats métiers de la littérature. Le cinéma lui fut plus doux.
Passée la Seconde Guerre mondiale et ses lots variés d’horreurs, le monde avait changé, comme le regard qu’on lui portait et les réflexions que le genre humain se prodiguait. En conséquence, les interminables fresques romanesques de Georges Duhamel ou de Jules Romains n’avaient plus cours, non plus que les bluettes fashionables des Roaring Twenties. Oubliés aussi Paul Bourget et ses...
Prince des loufoques
Humoriste complet, Cami fut conteur, romancieur, dessinateur et directeur d’un journal funèbre. Charlie Chaplin lui tira son chapeau.
Depuis la disparition en novembre 1958 de Pierre Louis Adrien Charles Henry Cami, deux salves d’efforts ont contribué à redorer son blason. Ceux de Michel Laclos et Jean-Jacques Pauvert d’abord dans les années 1960, puis ceux, diablement obstinés, de John Crombie (des éditions Kickshaws) depuis 2002. Ils n’auront pas été vains puisqu’à nouveau il est possible de lire « en neuf » (ça tombe...