RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Du voyage en train
Plein de mystères encore, Bernard Waller était le plus discret des romanciers. Dubalu, son représentant de commerce, révèle avec humour et subtilité un univers de personnages désarçonnés et touchants.
Il faut souvent plus qu’un miracle pour que les créatrices et créateurs qui ont choisi la discrétion contre les feux de la rampe sortent de l’ombre. Le romancier Bernard Waller en est la démonstration achevée. Au point qu’on ignorerait presque sa date de naissance. Selon les sources observées, il serait né en 1933, en 1934 et en 1937, et apparemment ce serait plutôt en 1935. Et puis la camarde s’est chargée de mettre tout le monde d’accord. Il est bel et bien mort en 2010 (le 13 juin à Paris ?). Naturlich, aucune nécrologie publiée dans Le Monde ou Le Figaro. On n’y a droit que lorsqu’on...
Un auteur
Réinventer l’énigme
La romancière anglaise A. S. Byatt récemment disparue aura-t-elle œuvré pour rien ? Ses malicieuses expérimentations et son formidable goût pour les récits trouveront-ils encore des adeptes ?
Constatant l’empressement que met le milieu littéraire à négliger les écrivains dès lors qu’ils ne sont plus aptes à produire de cette panacée qu’est la « nouveauté », il nous est venu à l’esprit que, peut-être, on avait déjà oublié la romancière anglaise A. S. Byatt décédée cet automne, le 16 novembre, à Londres. Ses livres Le Sucre et Possession ont été au cours des décennies 1980-1990...
Un auteur
La moindre épaisseur des anges
Personnage singulier, Jacques Moussempès était un professeur de français à la faconde peu commune. Fasciné par Antonin Artaud, il fut aussi très inspiré par la mort et la transmutation.
Jacques Moussempès est né le 17 mars 1931 à Bayonne. Il appartient à une vieille famille qui s’est illustrée dans l’architecture et diverses notabilités. Lui sera enseignant. Il débute dans la carrière pédagogique au Brésil, durant quatre ans, et passe encore quelques mois en Inde comme attaché à l’ambassade de France où il enseigne le français et la philosophie. Posté ensuite dans un lycée...
Un auteur
Naître qu’à Venise
Vénitienne, la romancière et traductrice Liliana Magrini a peint, en deux livres, sa ville natale comme personne d’autre ne pouvait le faire. Visite privée.
Avec les chats, les dauphins et quelques bimbeloteries de ce genre, Venise s’est incrustée au cœur de l’imaginaire collectif. Au point que son encrage lagunaire paraît très insignifiant aux côtés de son inscription symbolique, et c’est tant vrai qu’aucun écrivain français en manque d’inspiration (Sollers et ses pairs par exemple) n’a résisté longtemps au charme de la Sérénissime. Le remède...
Un auteur
Une chatte sous le toit
Auteur d’un seul livre, le Tarbais Henri Guigonnat (1942-1997) a connu un destin littéraire proche de celui de Jean-Pierre Martinet : retour à la maison familiale et oubli.
Au début de l’année 1974 paraît un livre flanqué en couverture d’un énorme œil. C’est celui de Démone, un chat protagoniste de la fantaisie romanesque intitulée Démone en Lituanie. Une Lituanie qui a tout de la Pologne de Jarry, un pays imaginaire où des personnages, vivant en château, au milieu des champs entretenus par ce qui semble des serfs. Le livre est accueilli dans un contentement...