RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Un auteur
Le philosophe floral
Saint-simonien mais romantique, ouvrier mais philosophe, l’utopiste Gabriel Gauny savait prendre le temps de poétiser la nature.
Menuisier et philosophe. Gabriel Gauny a parfaitement représenté le type de l’ouvrier fasciné par l’écriture tel qu’on en rencontre souvent. Et en particulier chez les travailleurs du bois. Comme dans le fameux tableau de Caillebotte, il travaillait à genou puisqu’il était menuisier parqueteur et partageait cette soif, cette rage d’écrire, qui nous a valu récemment la découverte étonnante dans un château de l’Isère où le revers des planchers portait les écrits cachés du menuisier de l’époque (J.-O. Boudon, Le Plancher de Joachim, histoire enfouie d’un village français, Belin, 2017)....
Échalote a des amants
Observatrice des plaisirs de sa génération et des soirs de la Butte, Jeanne Landre fut une romancière légère et une journaliste féministe.
On reconnaît vite celui qui tient la plume de cette notice consacrée à Jeanne Landre : « Née à Paris en 1874. Vingt romans crapuleux sur la racaille, les apaches et les prostituées. En dehors de cet enfer : Mlle de Rivère, institutrice. » Bingo ! C’est bien le produit de l’aigre cerveau de ce cornichon d’abbé Bethléem (1869-1940). Il ne pouvait que détester les mœurs salées de la jeunesse...
Un livre
Des hommes passèrent...
de
Marcelle Capy
Honte aux assassins professionnels
Journaliste et militante féministe aux côtés de Séverine, Marcelle Capy (1891-1962) fut une infatigable militante de la paix.
Tandis qu’un président de la République confond le peuple, la foule, sa tante, et la pédale de droite avec celle de gauche, les éditions La Thébaïde ne confondent pas la roupie avec le sansonnet : c’est bien dans leur collection « L’esprit du peuple » qu’elles ont inscrit le Prix Séverine 1930 ressuscité, c’est-à-dire Des hommes passèrent signé Marcelle Capy aux éditions du Tambourin, une...
À pas lents vers l’horreur
Cinéaste, romancière, directrice de théâtre de marionnettes ou peintre, Lorenza Mazzetti connaissait assez la mort pour célébrer en toutes choses les beautés du monde.
Le cœur de Lorenza Mazzetti aura toujours balancé entre le cinéma et la littérature. Mais l’Italie, pourtant berceau de Cinecittà, ne laissait guère aux femmes le premier rôle durant l’immédiat après-guerre. Elle eut sans doute l’opportunité de se tourner vers le roman, ou le récit masqué, mais puisqu’elle était finaude, trouva à émigrer au bon moment à Londres lorsqu’elle eut...
Éthologie du goulag
Dissident soviétique, l’Ukrainien Gueorgui Vladimov a connu la disgrâce, notamment pour avoir décrit la brutalité des camps par le truchement d’un chien de garde.
Attrape-le, Rouslan, Attrape-le », c’est l’ordre que le chien de goulag attend, tout son « service » durant. Il est dressé pour ça, et lorsqu’il commet un impair, fraternise avec les prisonniers – si c’est possible – ou se montre incapable de mordre brutalement le mollet ou le bras qui ont commis le crime de ne pas se tenir dans le rang, de toucher son « maître », le gardien, et pire, de fuir...