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Et regardait Caïn
Elles avaient une dizaine d’années, l’âge des balades à bicyclette et des jeux de marelle, celui des brouilles futiles aux promptes réconciliations.
L’été quarante-trois touchait à sa fin. L’air gorgé de chaleur n’offrait pas de répit à l’impression que tout pesait.
Huit heures du soir venaient de sonner à l’église lorsque quelqu’un a donné l’alerte : les Allemands étaient à un kilomètre du village. Ils avaient trouvé les fillettes réfugiées au couvent et les ramenaient avec eux.
Aussitôt, les gens se sont cloîtrés, les portes et volets se sont verrouillés. Mêlant prudence raisonnable...
Le harcèlement des roses
Né en 1954 à Le Quesnay, dans le Nord, Dominique Sampiero vient d’obtenir le prix de poésie Max-Pol Fouchet pour son recueil La Vie pauvre paru en fin d’année dernière aux éditions de la Différence et dont nous nous étions fait l’écho dans notre dernier numéro. Depuis 1985, Dominique Sampiero a publié une dizaine d’ouvrages chez de petits éditeurs, dont A prononcer doucement (Encres vives), La Pluie est un rosier (Cahiers de poésie verte) qui a reçu le prix Troubadour et Terre pour une légende qui n’en a plus (Cheyne Edition)…
A Jean-Luc Herman
Le journal s’ouvre et se referme, un peu comme une fleur, le mot est trop tendre, mais sur quelle vie ? Ce que l’on pense, ce que l’on évite. Trop de bruit. Ecrire en étant contrarié par la petite rumeur de l’autre. Ecrire comme par distraction, en tapotant nerveusement sur la page, avec ses os, ses nerfs, alors c’est illisible, toujours.
Refuser les noms propres, les...
Larmes au poing
Mariée, sans enfant, à 31 ans, Joëlle Rassat habite Soyaux en Charente. Elle est formatrice au Greta pour personnes en difficulté. En décembre 1991, alors responsable d’un centre de formation d’apprenti, elle perd son emploi et décide d’écrire quelques nouvelles. Comédie philosophique, récit fantastique, elle ne s’attache à aucun genre particulier. C’est la premières fois que cette ancienne étudiante en droit, passionnée de Bataille et de Malcom Lowry adresse l’un de ses écrits. Peut-être avec un peu de regret, puisque le début de sa nouvelle Larmes au Poing lui semble ambigu et manquer globalement de légèreté et d’humour. Dernier livre acheté : les Mémoires de Tennessee Williams.
L’idée m’avait réveillée, cuisante comme une brûlure. Elle avait passé la journée à m’apprivoiser, imprimant son absolue nécessité sur le creux des gestes professionnels. Le soir, tout manqua de basculer parce que je la vis et parce que mon mari jura de me quitter. je ne décidai rien mais j’y retournai le lendemain, le cœur mou, larmes au poing.
Dès lors, et bien avant que j’eusse atteint sa...
Les Crânes razés
La tentation était trop forte. Ancienne assistante de direction chez Futuropolis-Gallimard, Lucie de Boutiny a jeté les amarres il y a tout juste un an pour se consacrer corps et âme à la littérature. Bicyclette dans le garage, pâtes dans la gamele : la passion est dure pour cette jeune parisienne écolo de 25 ans, titulaire d’une maêtrise de Lettres. Mais qu’importe, elle sait ce qu’elle veut. L’écrivain a un devoir moral de parler de sa génération et la nouvelle, cette politesse de faire court comme elle dit, trouve dès lors tout son intérêt. Pour elle, dans chaque récit, il faut qu’il y ait une machine à laver qui tourne, un téléphone qui sonne, du zapping en images. La vingtaine de nomuvelles qu ’elle a envoyées aux maisons d’édition attendent toujours une réponse. Dernier livre acheté : Les choses du Perec.
Razés« avec un »z« en éclair, on aimait bien sans savoir ce que le »z« débraguettait. Au premier cran, une faute d’orhographe. C’est fou ce que les gens intelligents ont pu parler de ce »z« . Ils y ont vu la fin du siècle, »ziècle« pour les plus tourmentés, la remontée du nazisme, la descente aux enfers. Allons enfants de la patrie, vous vous faites des idées, on a crée »le Salon des Crânes...