auteur Josef Winkler
Ouvrages chroniqués
Requiem pour un père
de
Josef Winkler
2013
De la sépulture familiale dans la profonde Autriche aux bûchers fumant sur la rive du Gange, Josef Winkler escorte, une fois de plus, ses morts – et les ressuscite.
Il semblait évident, pour qui lisait les précédentes œuvres de Winkler (toutes parues chez Verdier), qu’il fallait le ranger, avec ses célèbres compatriotes Bernhard et Jelinek, parmi les représentants de cette race d’écrivains que l’Autriche semblait particulièrement susciter : les imprécateurs-haïsseurs. Depuis Le Serf (traduit en 1993) jusqu’à Langue maternelle (traduit en 2008 – voir Lmda N°98), ses récits ne cessaient de revenir sur le village, véritablement maudit, de son enfance. Un catholicisme étouffant y sévissait, le nazisme n’en finissait pas d’y agoniser lentement, les...
Le Livre du pupille Jean Genet
de
Josef Winkler
2019
C’est à une curieuse expérience de ventriloquie, voire de possession, que nous confronte ici Josef Winkler. Plus qu’un essai biographique subjectif sur Jean Genet – qui s’apparenterait à ce que nous offre la collection « L’un et l’autre » chez Gallimard – c’est à une appropriation, une dévoration, oserait-on dire une manducation de l’un par l’autre que nous assistons. Nous nous attristions du silence de Josef Winkler (son dernier livre, Requiem pour un père, fut publié en 2013) et nous nous réjouissons d’ici retrouver sa voix, si reconnaissable – mais à laquelle se mêlent, en italiques...
Thierry Cecille
octobre 2019
Le Matricule des Anges n°207

Langue maternelle
de
Josef Winkler
2008
En un long monologue âpre, entre le cauchemar et le sacrilège, Josef Winkler, une fois encore, explore un martyre : le sien.
Nombre de toiles de Bacon l’assènent, à leur manière crue et délicate tout à la fois : l’homme, en vérité, n’est que viande - à l’étal, sanguinolente, écorchée. Nous tentons pourtant de nous dissimuler ce fait atroce : animaux, c’est par la chair que nous tenons à la vie. Dieu même, nous en avons fait une plaie vive, d’où le sang coule, d’où le pus - voyez Grünewald - suppure, et nous avons cloué partout cette blessure ouverte : le crucifix. Crucifix, masques mortuaires, cordons ombilicaux d’enfants morts, bétail abattu ou mettant bas, sperme et urine, jambes pendantes des pendus, vagins...