auteur Olivier Rolin
A propos
Olivier Rolin : le temps des perdants magnifiques
Pour la deuxième année consécutive Olivier Rolin crée l’un des événements de la rentrée littéraire. Avec Port-Soudan, l’écrivain livre son roman le plus émouvant. Loin de la nostalgie des années gauchistes, Port-Soudan illustre le désarroi des derniers utopistes. Entre tristesse et résignation.
Pour le grand public, Olivier Rolin s’est fait connaître l’an dernier avec son roman monstre, L’Invention du monde qui relatait quarante-huit heures dans le monde. L’auteur affirmait ainsi son rejet d’une littérature du nombril, cette hypertrophie du moi qui justifiait les moqueries des auteurs anglo-saxons quant à la littérature française. Roman triomphant où la langue génératrice créait le monde en même temps qu’elle le nommait, L’Invention du monde s’érigeait en voie alternative du roman hexagonal.
Or, surprise, le peu prolixe Olivier Rolin (un roman tous les quatre ans en moyenne)...
En exil de soi-même
Ce qui frappe d’abord dans Port-Soudan, c’est l’impeccable pureté de la langue qui vient jouer sur les paysages du roman comme une lumière d’après orage révèle le calme retour à la vie. C’est l’attention portée aux descriptions, comme une concentration extrême vis à vis de tout ce qui reste visible encore d’un monde d’où l’on (s’)est exclu. Le narrateur reçoit l’annonce de la mort de son ami...
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Ouvrages chroniqués
Tigre en papier
de
Olivier Rolin
2002
Un homme, double romanesque d’Olivier Rolin, raconte à la fille de son meilleur ami ce que furent les années gauchistes. Ils passent une nuit entière à marcher dans Paris, à tourner sur le périphérique. Elle l’écoute avec un sourire dont l’ironie est assassine. Il évoque les blessures des siens, de lui-même surtout. Ils rêvaient d’aube rouge et de héros révolutionnaires, leur génération fit les MacDo et Disneyland. Il se voudrait perdant magnifique, il se sent seulement pitoyable. Les combats des années 60 sont oubliés, rangés au mieux au rayon de l’exotisme d’une époque révolue. Il les...
La Langue
de
Olivier Rolin
2000
Dans un bistrot où personne n’entre, elle est serveuse. Lui, un intellectuel qui fuit ici un amour perdu. S’il la regarde comme une Emma Bovary, il se voit comme un Don Quichotte et les moulins contre lesquels il se bat parlent mal dans le poste de la radio. Les mots les rapprochent. Lui veut l’emporter dans un univers à la Lewis Carroll pour grande fille (on l’imagine, elle, dans la tenue demi-deuil des serveuses). Il lui cite Lautréamont, elle lui parle de son enfance à la campagne : « On aurait dit qu’on cultivait la pluie. » La langue des médias, celle des « nouveaux maîtres » essaie...