La rédaction Sophie Benard
Articles
Connaissance par les gouffres
Monologue plein de fureur, Crève, mon amour de l’argentine Ariana Harwicz est le long cri d’une jeune femme emmurée.
Je me suis allongée sur l’herbe au milieu des arbres abattus et le soleil brûlant contre ma paume m’a donné l’impression de tenir un couteau avec lequel me saigner d’un coup sec à la jugulaire. » L’ambition d’Ariana Harwicz est de saisir la chute désespérée de sa narratrice dans la dépression. Il ne s’agit pas ici de décrire un mal de l’esprit, mais l’expérience d’une forme d’animalité devenue maladive, où la réalité est sans cesse parasitée d’images délétères. Pour renouveler ce sujet, il fallait la maîtrise narrative et stylistique d’une plume habituée à s’insinuer entre les lèvres des...
Un livre
Voir de ses propres yeux
de
Collectif
,
Hélène Giannecchini
Visions du corps
La narratrice d’Hélène Giannecchini écume les musées d’anatomie et les textes littéraires et théoriques sur la mort tout en parlant à ses morts. Passionnant.
Jusqu’à la dernière ligne nous resterons ignorants. Nous ne saurons pas qui sont ces morts à qui l’écrivaine s’adresse et qui la précipitent vers les écorchés d’hier et d’aujourd’hui. « Bizarrement vous n’avez jamais eu autant de corps que dans votre mort. » Pour son deuxième roman, Hélène Giannecchini poursuit le travail entamé dans Une image peut-être vraie. Alix Cléo Roubaud (Seuil, 2014)....
Ces années de promesses
Entre récit intime et littérature sociale, le Suisse Jérôme Meizoz se fait l’observateur caustique des Trente Glorieuses – et du progrès triomphant.
Elle a de l’allure, la postmodernité. Une allure apocalyptique, alors que Jérôme Meizoz s’interroge, entre chroniques et portraits, entre satire et mélancolie, sur le devenir des chimères du progrès et de la croissance. La première chronique est celle de la mort de la mère. Malgré la confiance du père en la médecine et ses avancées, l’enfant qu’est alors l’auteur se voit forcé de constater...