RUBRIQUE Égarés, oubliés
Les articles
Du voyage en train
Plein de mystères encore, Bernard Waller était le plus discret des romanciers. Dubalu, son représentant de commerce, révèle avec humour et subtilité un univers de personnages désarçonnés et touchants.
Il faut souvent plus qu’un miracle pour que les créatrices et créateurs qui ont choisi la discrétion contre les feux de la rampe sortent de l’ombre. Le romancier Bernard Waller en est la démonstration achevée. Au point qu’on ignorerait presque sa date de naissance. Selon les sources observées, il serait né en 1933, en 1934 et en 1937, et apparemment ce serait plutôt en 1935. Et puis la camarde s’est chargée de mettre tout le monde d’accord. Il est bel et bien mort en 2010 (le 13 juin à Paris ?). Naturlich, aucune nécrologie publiée dans Le Monde ou Le Figaro. On n’y a droit que lorsqu’on...
Le roi du boulevard
Journaliste à l’ancienne mode, ironiste et sceptique, Aurélien Scholl n’aura guère évité les anicroches au cours de sa carrière, mais se rallia toujours les rieurs.
Si vous souhaitez amuser votre entourage, à la question « que fais-tu ? » répondez « j’écris un article sur Scholl ». Les faces hilares que vous contemplerez dès lors vous laisseront à penser que tous songent à certaine tatane d’outre-Rhin. Le nom d’Aurélien Scholl n’est pourtant pas ignoré des lecteurs et des internautes qui peuvent à loisir retrouver ces mots dans les recueils de...
Razzia sur les rêves
De la Cité interdite aux studios d’Hollywood, itinéraire unique d’un auteur de pulps, aventureux et plein de mystères dont la trace a fini par s’effacer.
Avec ses faux airs de Charles-Albert Cingria, Achmed Abdullah ne déparera pas la galerie des écrivains oubliés du siècle dernier. Il pourrait d’ailleurs être promu l’un des hérauts, le représentant le plus exotique et le plus aventureux avec Lawrence d’Arabie ou Alexandra David Neel. Drôle d’oiseau à coup sûr, Achmed Abdullah avait plus de droits au turban que son sosie suisse Cingria :...
À pas de charge
Poète plaisant mais pamphlétaire redoutable, Eugène Vermersch (1845-1878) est mort fou au terme de son exil politique. On n’excuse pas la violence.
Réédité en 1910 par les Temps nouveaux, le fameux organe de l’anarchiste Jean Grave, Les Incendiaires, ode aux révolutionnaires de toutes les révolutions, est probablement la plus belle pièce de la bibliographie d’Eugène Vermersch, dont la fougueuse plume aurait pu alerter depuis longtemps déjà sur les qualités d’une âme vive, voire imprudente. Ami proche de quelques notables des Lettres dont...
Digne marin
Officier dégoûté par les petitesses de ses contemporains, Olivier Diraison-Seylor se fit pamphlétaire. Puis il découvrit l’Asie….
Il aura peu vécu : Olivier Diraison-Seylor appartenait à la génération sacrifiée qui entra dans la trentaine en 1914 et n’atteint jamais la quarantaine. Une tranchée lui fut fatale qu’elle ne franchit jamais, arrêtée par une balle, un obus, des schnarpels. Olivier-Eugène-Jules Diraison, dit Diraison-Seylor - pour sailor, le marin -, aurait pu éviter la boue en ne refusant pas sa réaffectation...