Comme beaucoup de ses confrères, Bertrand Fillaudeau ne reste pas indifférent à l’envoi massif de manuscrits. « J’en reçois malheureusement trop ! ». Deux ou trois manuscrits arrivent quotidiennement au 11, rue de Médicis. Majoritairement de la poésie et des nouvelles. « Le plus dramatique, c’est qu’il me semble que le niveau moyen des textes s’élève. Alors quoi leur dire ? C’est professionnel, bien écrit… Mais il faut que ces gens comprennent qu’un écrivain ne peut être un professionnel. Cette évolution sanctionne le résultat des médiocres sorties de la production éditoriale. C’est la conséquence de la désacralisation de l’écriture. » Chaque année en moyenne, un manuscrit envoyé spontanément est accepté pour publication. En 1993, ce fut Histoire de l’illusion de Georges Picard ; en 1991 Sous l’étoile du chien de Bernard Puech. Mais rassurez-vous, en matière d’essai, la sélection paraît moins rude (une chance sur cinquante) : « Logique, le genre élimine beaucoup d’écrivains potentiels. »