Ecrite en 1940, L’Histoire de ma femme du Hongrois Milan Füst pourrait être un classique de la dramaturgie conjugale tant elle condense avec une si violente jubilation les avatars et les turpitudes du sacrement. Le récit de ce marin héroïque, grandiloquent, prince des métaphores et des suspicions qui s’énamoure jusqu’à son propre naufrage d’une jeune française subtile et perverse relègue La Séparation de Dan Frank au rang d’une pâle fiction d’ados attardés. D’où vient la force de ce livre ? Sûrement de son traitement délibéremment extraverti, torrentiel. S’il y a de la volupté dans la déchéance, c’est que, semble nous dire Milan Füst, seule la souffrance permet d’explorer les tréfonds des exaltations humaines. De cette histoire, deux leçons finalement à retenir : « L’homme ne peut vivre selon son cœur » car « il y perdrait tout », et que probablement « le bonheur n’est qu’une sorte de convalescence. »
Gallimard
traduit du hongrois
par E. Berki et S. Peuteuil
473 pages, 90 FF
Domaine étranger Le Journal de ma femme
décembre 1994 | Le Matricule des Anges n°10
| par
Philippe Savary
Un livre
Le Journal de ma femme
Par
Philippe Savary
Le Matricule des Anges n°10
, décembre 1994.