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Domaine étranger Argentine, terre d’écueils

septembre 1995 | Le Matricule des Anges n°13 | par Erwan Le Bihan

La littérature s’épanouit en dehors de l’actualité avec ce sentiment un peu rassurant que ce qui peut être traduit dans le plus grand nombre de langues le sera tôt ou tard. Le premier roman de l’Argentin Juan Martini, écrit il y a une quinzaine d’années entre l’Argentine et l’Espagne -le pays d’exil- fait suite à plusieurs recueils de nouvelles empruntant des thèmes chers à Cortazar où la peinture d’un monde cruel, violent mais sentimental s’arrange aussi bien du fantastique que de la chronique de mœurs. Encarnación, la bien nommée, est une ville aux mains d’un propriétaire foncier sans scrupules, le Scorpion, régnant sur bordels et tripots. A proximité s’étend le bidonville de Rosario, bâti sur un marécage, « où atterrissent les vieilles, les malades et les joueurs lessivés ». Chacun de ces lieux abrite sa tribu d’âmes égarées, attendant le basculement imminent d’un monde, où les êtres sont rarement nommés, répondant à des surnoms, à des sortes de totems les reliant à l’espace global, obéissant, pour l’instant, à l’ordre des choses, à une fatalité immanente. Mais le ressenti est grand et les chefs vieillissent : « La vie bascule d’un jour à l’autre, et c’est vieux comme le monde, avait jugé l’Ours Leiva, on se croit raide, sur le carreau, et tout s’arrange le lendemain car la déveine vous laisse en paix. »
La Vie entière est un récit déconstruit, fragmentaire, jonglant constamment entre la réalité et sa transpiration symbolique, l’incarnation des personnages et leur dimension mythique, à la taille du pays, de l’Argentine et de ses antinomies. Car c’est bien de l’Argentine qu’il s’agit. Et Juan Martini ne lui fait aucune concession même si son regard lucide n’est pas dépourvu de tendresse. Son style est vigoureux et cru, sans psychologie. Des dialogues brefs et incisifs glissés dans des phrases longues mais nerveuses insufflent au récit un rythme envoûtant : une incantation qui, lentement, hypnotise et empoisonne.

La Vie entière
Juan Martini

traduit de l’espagnol
par Christophe Josse
Maurice Nadeau
280 pages, 140 FF

Argentine, terre d’écueils Par Erwan Le Bihan
Le Matricule des Anges n°13 , septembre 1995.
LMDA papier n°13
6,50