Il faut être un rimbaldien fervent pour traverser sans bâiller ce qui subsiste de la correspondance africaine du poète.
Fixé à Aden depuis 1880, Arthur Rimbaud a entrepris un « trafic lucratif », le commerce des armes. Sa première caravane traverse le Harrar en 1885 mais les négociations avec son client, le roi Ménélik, s’éternisent. Elles aboutiront en 1888 grâce à l’entremise d’un ingénieur suisse, Alfred Ilg qui deviendra son correspondant.
L’échange des deux hommes dure à peine plus de trois ans -Rimbaud meurt en 1891- et il n’offre au fond qu’un intérêt documentaire. Les lettres révèlent même un homme souvent déplaisant, brutal parfois. Et s’il n’abdique pas son goût d’une « vie errante et libre », le poète saoule son lecteur d’une litanie de chiffres, de listes des marchandises et de projets enterrés. Inconséquent, maladroit en affaires, il ne reste à Rimbaud que son errance.
Desservi par une préface datée et décousue de Jean Voellmy, ce livre ennuyeux vit des rentes d’un nom.
Gallimard, l’Imaginaire
196 pages, 47 FF
Histoire littéraire Correspondance, 1888-1891
novembre 1995 | Le Matricule des Anges n°14
| par
Éric Dussert
Un livre
Correspondance, 1888-1891
Par
Éric Dussert
Le Matricule des Anges n°14
, novembre 1995.