La poésie comme une architecture élévée par la seule puissance du verbe : c’est ainsi que se lisent les Strophes pour Feurer écrites par le Gascon Bernard Manciet. Inspiré par les tableaux empreints de spiritualité de René Feurer, photographiés dans la Collégiale d’Uzeste, Bernard Manciet a construit les séquences d’un chant tellurique aux couleurs de rosace et d’une massivité minérale. Cette tour n’est pas celle de Babel : son respect d’un divin présent en toute chose empêche une identification de l’auteur avec le ciel. Phrase par phrase, pierre par pierre, les Strophes pour Feurer créent un poème de la célébration et de la mémoire au sein duquel passe le souffle de l’alchimie : « les troupeaux de dieux obscurs les dieux tristes/ feuilles errantes des enfers/ se hèlent de confluent en confluent/ se disent leurs pentes d’herbe/ ils se hâtent vers l’écume/ comme la mer se hâte vers ses lilas/ au sillage de chair ailée ». La puissance des images de ce long poème révèle une inspiration vertigineuse. La découverte d’autres œuvres de cet auteur devrait nous le confirmer.
L’Escampette
non numéroté, 85 FF
Poésie Strophes pour Feurer
juin 1996 | Le Matricule des Anges n°16
| par
Marc Blanchet
Un livre
Strophes pour Feurer
Par
Marc Blanchet
Le Matricule des Anges n°16
, juin 1996.