Jules Mougin a le cœur, les yeux et les mots emplis d’un amour qui transparaît à chaque page de cette plaquette rééditée par cette « micro maison d’édition à compte d’éditeur » comme elle se définit elle-même.
Facteur de son état, l’auteur écrit ce qu’il voit, ce qu’il ressent : « Mais je ne me plains pas.Je vois, je vois pas mal de choses, ça suffit bien.Le monde est à moi, surtout le soleil, la rivière, les collines, et les étoiles… Les rivières ont les mouvements des couleuvres en colère. » L’écriture se tient au plus près du quotidien et nous fait partager la beauté simple du monde.Le style sans fioritures réchauffe, réconcilie avec une simplicité à vivre qui peut paraître naïve, voire inconsciente, si l’on replace les poèmes dans leur contexte historique, deux ans avant les atrocités de la Seconde Guerre mondiale.Pourtant l’écrivain est clairvoyant : « Nous vivons dans l’attente d’un écrabouillage en règle.Nous vivons, et notre but final, c’est la guerre… »
Les textes sont un appel à la fraternité, un cri d’espoir en l’homme : « Quand on a le cœur gonflé de la joie de vivre, on voit tout, on aime tout. »
Un cri de révolte aussi qui laisse exploser sa colère contre la guerre comme on tape du poing sur la table : « Mais ça, là, ce ciel, ils ne pourront jamais le pourrir comme pourrissent les corps de ceux qu’on massacre. » Cette révolte-là sonne haut et clair parce qu’elle est sincère et lucide à l’image de ce taureau du poème Le Bout de la chaîne, emmené à l’abattoir et qui comprend qu’il va mourir, qu’il ne sert plus à rien de se révolter : « Trop tard ! entendait-il dans sa tête.Au fond de l’ombre, la voix de l’autre disait en riant : quelle brave bête ! »
En littérature, il n’est pas forcément besoin d’en faire trop pour toucher au cœur.
À la recherche du bonheur
en 1937
Jules Mougin
TraumFabriK éditions
(4, impasse du Bourg 49 320 Coutures)
50 pages, 25 FF
Poésie Le facteur bonheur
mars 1997 | Le Matricule des Anges n°19
| par
Corinne Robert
Un livre
Le facteur bonheur
Par
Corinne Robert
Le Matricule des Anges n°19
, mars 1997.