Poète du quotidien, Jean-Pierre Georges délaisse de plus en plus le vers pour une prose faussement dilettante, joliment désabusée. Un air de Perros sur un rythme de Chardonne. Ou le contraire. En soixante-dix textes brefs, qui n’excèdent jamais une page, l’écrivain laisse entendre le tic-tac du temps qui tisse l’ennui d’être vivant. C’est que le bonhomme est comme cette pie qu’il « pousse du pied (…), qui s’envole quand même, à la fin. Sans conviction. Parce qu’il faut. » Restent les paysages, reste une « jeune fille floue qui répand autour d’elle de l’émoi », reste la pêche et les souvenirs de l’enfance. « Quelle vérité taire avec les mots » ? se demande l’écrivain. Avançons que sous l’apparente incapacité à vivre se cache une insatiable soif d’adolescent. Et parions qu’il y a de la pudeur chez Jean-Pierre Georges à laisser toujours dans ses recueils des textes moins nécessaires, moins réussis. Le nihiliste serait bien embêté s’il écrivait des chefs-d’oeuvre, c’est-à-dire des choses qui valent le coup de vivre.
Trois Peupliers d’ItalieJean-Pierre Georges
Tarabuste (rue du Fort 36 170 St-Benoît-du-Sault) 80 pages, 90 FF
Domaine français Trois peupliers d’Italie
novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21
| par
Thierry Guichard
Un livre
Trois peupliers d’Italie
Par
Thierry Guichard
Le Matricule des Anges n°21
, novembre 1997.