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Domaine étranger Du bout de monde

novembre 1997 | Le Matricule des Anges n°21 | par Hubert Delobette

Le Golfe des Peines

Avec Le Golfe des Peines, Francisco Coloane conclue sa trilogie sur le grand Sud chilien. Comment vivre au milieu de tant de désolation sans devenir fou ?
Que Coloane soit d’abord un auteur de nouvelles, les lecteurs de Tierra del Fuego et de Cap Horn l’avaient pressenti d’emblée. Pourtant, de nouvelles, certaines n’en mériteraient que le nom. Les nombreuses légendes indiennes, les histoires imaginaires de ces déserts chiliens les classeraient plutôt dans le chapitre des contes pour adultes… Ceci étant, ces textes de Francisco Coloane, 87 ans, chevelure rebelle et barbe blanche, nous entraînent une fois de plus dans la folie du pays des icebergs et des vents australs. Au coeur du Golfe des Peines, une barque en perdition, poursuivant on ne sait quel rêve d’orgueil, refuse l’assistance des sauveteurs et disparaît dans la tempête… Des chasseurs de phoques, prisonniers d’une grotte où grouille le gibier, savent qu’ils ne sortiront plus de ce piège de rocher, et n’ont plus qu’à se gaver de viande jusqu’à leur mort… Une Indienne se retrouve enceinte et jure qu’elle n’a pas fauté, victime des lutins qui guettent les filles sur la lande… Autant d’histoires parmi les dix-huit de l’ouvrage, où l’on partage la vie si rude des aventuriers de ce pays : matelots et contrebandiers, chasseurs de baleines, chercheurs d’or, mauvais garçons et hors-la-loi… Mais nul doute, cette fois encore, le personnage central qui donne vie (et mort) à ce petit monde de silhouettes bousculées par tous les mauvais vents, c’est le grand Sud chilien lui-même, voué à tous les cris et au monde du silence. C’est lui qui réclame à l’homme de là-bas d’empoigner son destin à mains nues, et de se battre avec lui, jour après jour, heure après heure, jusqu’à mordre à son tour la poussière… C’est en même temps le reproche principal que l’on peut faire à Coloane et à cet ouvrage. Francisco, assez des tempêtes, des Indiens et des carcasses de baleine ! Le Chili, ce n’est pas que cela. Le « pays longiligne », tel que l’appelait affectueusement Pablo Neruda, l’une des autres figures littéraires chiliennes, a d’autres atouts : ses villes légendaires, Santiago, Valparaíso, ou ses déserts les plus chauds du monde. On aimerait un peu changer de ce décor qui hante tous les livres du Chilien, bien qu’on sache qu’il ait bercé (ou meurtri !) son univers pendant des décennies. « Vagabond solitaire, il a été péon d’estancia, châtreur de moutons (avec les dents, naturellement !), dépeceur de baleines, marin… aux portes du cap Horn, avant de devenir… le plus grand écrivain du Chili », dit de lui Luis Sepulveda. Le style d’El señor Coloane, dans cet ouvrage, est de la même veine que les précédents. Taillé à la serpe, sans répit, chevauchant les éléments et façonné dans la violence du pays dont il parle. L’écrivain a surtout un sens du détail et du mot juste. « Il était arrivé qu’une chiure de mouche sur une vieille carte marine provoque une tragédie. En pleine tempête, Melias avait dit à son pilote : si c’est une île on est sauvés, mais si c’est une mouche on est dans la merde ! ». Ce livre a obtenu l’an dernier au Chili, le prix du meilleur livre de l’année. Il ne le sera point en France parce que les pampas de Patagonie, les fjords déchiquetés et le sang des phoques ont maintenant trop vécu. Mais il satisfera encore ceux qui ont irrémédiablement soif des grands espaces ou des naufrages dans les mers du sud. Bon vent…
Le Golfe des PeinesFrancisco ColoaneTraduit de l’espagnol par François Gaudry
Éditions Phébus179 pages, 119 FF

Du bout de monde Par Hubert Delobette
Le Matricule des Anges n°21 , novembre 1997.
LMDA PDF n°21
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