Si la poésie traduite ne transmet souvent qu’une version fade de l’œuvre d’origine, il faut saluer comme une admirable exception la traduction que Jan Rubes donne ici de cinq poèmes où Jaroslav Seifert, dans une langue fluide et doucement mélancolique, nous confie une sorte de testament.
Que reste-t-il de la vie quand nous approchons du « tourniquet de la mort » ? La vision des jeunes filles qui passent, le souvenir de leur étreinte d’abord délicieuse puis cruelle : « Je me préparais alors seulement à la vie/ me dirigeant là/ où le monde est le plus dense./… et les jeunes filles se promenaient à la foire, un foulard dans leurs mains hésitantes,/ offrant généreusement en tous sens/ leurs yeux brillants/ tandis que leurs bouches envoyaient dans le vide/ la jouissance de baisers futurs. »
Le texte, émouvant du premier au dernier vers, est servi par un travail d’édition de haute qualité.
La Lettre volée
(124, rue de la Victoire
B-1060 Bruxelles)
Traduit du tchèque
par Jan Rubes
70 pages, 95 FF
Poésie La Colonne de la peste
juin 1998 | Le Matricule des Anges n°23
| par
Christian Molinier
Un livre
La Colonne de la peste
Par
Christian Molinier
Le Matricule des Anges n°23
, juin 1998.