Avec en ouverture trois citations de Hervé Prudon, le lecteur de Quand la haine sera morte est prévenu : ça va saigner, l’ambiance sera plutôt glauque et le sexe rimera avec souillure. Même s’il manque l’humour, le style et l’outrance langagière de Prudon, on comprend effectivement par la suite ce parrainage revendiqué. « Chloé tourna de l’œil. Elle pissait le sang et le foutre. Et puis les rôles s’inversèrent : au tour du nabot de déballer sa marchandise, un braquemart énorme, démesuré pour sa courte taille. Pas d’état d’âme, il enfonça son machin dans le puits dégoulinant de Chloé(…) »
Dans ce premier roman de Michel Leydier construit en récits alternés, on suit les errances de ceux que l’on n’ose plus appeler les « jeunes des cités » de la région parisienne, d’un tueur à l’identité mystérieuse, d’un adolescent ayant assisté au meurtre de ses parents, d’une princesse des banlieues bafouée… On croise le viol et la mort dans chacune de ces histoires qui se rejoignent toutes, d’une manière ou d’une autre. La noirceur y est uniforme, à tel point que cela ressemble presque à un simple exercice de style plutôt convenu. Vu d’un côté du périphérique, le ciel de la banlieue semble toujours le même…
Mais peut-être est-ce là trop prendre au sérieux le propos (on a oublié la référence à Prudon en cours de lecture). Même si c’est un peu maigre, peut-être suffit-il de ne retenir dans ce roman que les récits qui s’aventurent un peu plus loin : la descente aux enfers d’un tueur en quête de rédemption et l’acceptation silencieuse d’un jeune homme qui passe de bras en bras avant de trouver une issue de secours.
Quand la haine sera morte
Michel Leydier
Flammarion
189 pages, 98 FF
Premiers romans Viols à tous les étages
mai 1999 | Le Matricule des Anges n°26
| par
Christophe Dabitch
Un livre
Viols à tous les étages
Par
Christophe Dabitch
Le Matricule des Anges n°26
, mai 1999.