Si l’on en juge à l’aune des livres parus ces dernières années, l’œuvre d’Henry Miller (1891-1980) se porte plutôt bien : réédition des grands romans, publication de textes inédits (lettres, portraits, chroniques), de quoi combler ceux que la faconde de l’homme de Big Sur continue de séduire.
Au-delà du problèrne posé par son titre (Premiers Regards sur la Grèce en couverture, mais Premières Impressions de Grèce dans la présentation de la collection, titre d’ailleurs plus fidèle à l’original), ce petit volume aux allures de journal, écrit pour le poète Georges Séféris (prix Nobel 1963), présente « quelques pensées en chemin -sur la Grèce, les Grecs, et d’autres sujets. »
Dans cet opuscule rédigé en 1939, au moment où l’Europe sombre dans la folie, on retrouve le franc-parler de Miller, son goût pour les repas à la bonne franquette, son enthousiasme de gamin, sa sensibilité à fleur de peau (« Moi, l’Américain, je n’oublierai jamais la Grèce, ni son peuple. Dans mon cœur, j’ai un faible pour ces gens-là »). Mais c’est surtout son amour pour la Grèce qui se donne à lire ici, ce pays où l’homme « apprit à marcher comme un dieu », et qui, deux ans plus tard, allait servir de cadre à son roman Le Colosse de Maroussi.
Face à ce livre enlevé, rédigé à la diable, Aquarelles paraît plus posé, comme chuchoté. Dans cette sorte de longue lettre adressée au vieux copain de lycée Emil Schnellock, Miller aborde sa passion pour l’aquarelle, et pour un art dans lequel il s’est efforcé de faire de son mieux, goûtant ainsi chaque jour le bonheur si simple d’évoluer parmi les couleurs de ce monde…
Qu’il s’agisse de la Grèce ou de l’aquarelle, c’est toujours vif, surprenant, spontané, et nullement prétentieux. En un mot : authentique. Et pour tout dire : passionnant.
Premiers Regards sur la Grèce
et Aquarelles
de Henry Miller
Traduits de l’américain par Carine Chichereau
Arléa, 94 pages, 75 FF chacun
Domaine étranger Entre la Grèce et l’aquarelle
août 1999 | Le Matricule des Anges n°27
| par
Didier Garcia
Un livre
Entre la Grèce et l’aquarelle
Par
Didier Garcia
Le Matricule des Anges n°27
, août 1999.