De Pentti Holappa, poète finlandais né en 1927, grand amateur de littérature française (il a traduit Robbe-Grillet comme Beckett), n’étaient accessibles qu’un recueil anthologique et un roman (cf. MdA No37). Dans N’aie pas peur on retrouve la même langue fluide, mélancolique comme une valse de Sibelius. Entre « le chuchotis électrique de l’ordinateur » et « les fortifications de l’illusion (qui) s’effondrent », il écrit dans la lumière de la dépossession et l’écho des amours du frère masculin. Ce sont des textes nus, guidés par la volonté de dire au plus près du quotidien. « Lentement je me glace en mon propre gel (…). Je ne me rends pas, mais/ je triche et je me bâtis un mausolée pour l’amour assassiné. » Lucidement, un « je » désorbité décloue le silence à coups d’aveux et d’impossible détachement. Défiant debout l’harmonie déchirée, un homme tente de dominer ses peurs tout en continuant à mendier au parfum de l’abîme la paix de son âme.
N’aie pas peur
suivi dE Images naturelles
Pentti Holappa
Traduit du finnois par Gabriel Rebourcet
Atelier La Feugraie
96 pages, 11,50 € (75,43 FF)
Poésie N’aie pas peur
mars 2002 | Le Matricule des Anges n°38
| par
Richard Blin
Un livre
N’aie pas peur
Par
Richard Blin
Le Matricule des Anges n°38
, mars 2002.