Nul doute que Simon Nizard -« éducateur en zones sensibles » prend soin de préciser la quatrième de couverture- a ici voulu, en même temps, dépeindre une réalité qu’il doit connaître -la cité, ses rites et périls, les désirs et illusions d’un beur qui entre dans la vie adulte- et éviter les pièges d’un naturalisme sordide ou prévisible ; d’où le recours à l’imaginaire, à une certaine sentimentalité, aux textes poétiques insérés çà et là. Pourtant le dispositif narratif -lettres de Farid à une professeur qui l’aurait, elle seule, compris, deviné, mais se retrouve pourtant en maison de santé !- pèche par naïveté, fait long feu, la tentative de mêler une langue des cités aux influences littéraires que Farid est censé subir -sans que l’on sache par quel biais- aboutit à une sorte d’idiolecte hybride et invraisemblable. Plus grave encore, rien ici ne se détache, ni violence, ni désespoir, ni sensualité. Cette vision s’avère, somme toute, rassurante -un écrivain ne devrait-il pas plutôt avoir pour ambition d’inquiéter ?
Les Mains de Fatma
Simon Nizard
Maurice Nadeau
184 pages, 16 €
Domaine français Les Mains de Fatma
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
Un livre
Les Mains de Fatma
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.