Par la fortune de leurs patronymes baroques, le Propecia et le Pertofran pourraient prétendre rivaliser avec Parsifal et Prométhée. Ils se périment injustement dans l’anonymat de la cause pharmaceutique. Lettre d’amour au médicament, où s’affirme le désaveu de la sexualité (« La chair est triste, Etienne ! Et je n’ai plus qu’une demi-barette de Lexomil »), Effets secondaires réhabilite la poésie de la gélule et de la pastille, d’ordinaire injustement confinée dans la prose malingre de la notice médicale et de l’ordonnance. S’il vit à l’époque de la Nicorette et du Témesta, le narrateur préfère la compagnie d’Etienne de La Boétie, qu’il accompagne tel un doux analgésique dans son agonie bordelaise. Un interlocuteur idéal, car silencieux. Au chevet de l’écrivain mourant, dans une causerie récréative à la logique gâtée par l’abus de Laroxyl, il élabore le discours d’une servitude volontaire à la médecine. Ce premier roman de Frank Deroche, où les phrases flanchent sous une épidémie de noms de marques, est à prescrire aux hypocondriaques. Sauf avis contraire de leur libraire.
Effets secondaires
Frank Deroche
Le Dilettante
160 pages, 13,50 €
Domaine français Effets secondaires
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
| par
Pascal Paillardet
Un livre
Effets secondaires
Par
Pascal Paillardet
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.