Originaire d’une famille alexandrine, émigrée en Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale, Berdj Zeytountsian fit paraître ce bref roman en 1973, c’est-à-dire à une époque lourde de menaces -Soljénitsyne ne tarderait pas à être déchu de sa nationalité et prié d’aller écrire plus à l’ouest. L’Homme le plus triste se situe donc prudemment dans un royaume imaginaire (de droit français !) et emprunte une forme allégorique : un condamné à perpétuité devient un ornithologue de réputation mondiale et pose un problème insoluble au tyran local, qui ne peut ni le priver de sa liberté intérieure, ni lui ôter la vie. La partie d’échecs mentale entre le bourreau et la victime donne quelques belles pages, mais on a parfois l’impression de lire un roman à clés (des champs) dont le trousseau se serait égaré dans un trou noir de l’histoire. Reste un rare témoignage de la littérature arménienne en terre russe.
L’Homme le plus triste
Berdj Zeytountsian
Traduit de l’arménien par Robert
Der Mergerian et Renée Meldonian
Parenthèses
144 pages 14 €
Domaine étranger L’Homme le plus triste
septembre 2002 | Le Matricule des Anges n°40
| par
Eric Naulleau
Un livre
L’Homme le plus triste
Par
Eric Naulleau
Le Matricule des Anges n°40
, septembre 2002.